A deux reprises, le président de la République a rappelé au Premier ministre l’existence de son pré carré. Le message de l’exécutif sur l’Algérie est confus, ce qui fait le bonheur du RN.

A deux reprises au cours des derniers jours, Emmanuel Macron est venu rappeler ses prérogatives à son Premier ministre, François Bayrou (photo d’archives en 2022). (AFP)

François Bayrou émet l’hypothèse d’un référendum sur les retraites ? Emmanuel Macron lui rappelle sèchement que le recours à l’article 11 de la Constitution, qui encadre le référendum, est du ressort exclusif du président de la République. Le Premier ministre hausse le ton face à Alger et souhaite renégocier l’accord de 1968 ? Le président de la République fait part de ses réserves et lui adresse une mise au point claire dans les colonnes du « Figaro ». « Chacun est dans ses compétences. L’accord de 1968, c’est le président de la République », rappelle-t-il, tout en prenant quelques distances sur l’initiative en elle-même : d’accord pour renégocier, mais pas pour dénoncer.

Si Emmanuel Macron est accaparé par la situation internationale et la guerre en Ukraine, il n’oublie pas pour autant de veiller jalousement à ses prérogatives en France.

Inévitables étincelles                                                                                       Dans l’entourage du chef de l’Etat, on assure qu’il n’y a aucune volonté de réaffirmer son pré carré. Mais entre un président de la République qui s’est souvent comporté comme un Premier ministre en étant constamment en première ligne entre 2017 et 2024, et un Premier ministre qui n’a jamais oublié avoir été trois fois candidat à la présidentielle, les étincelles peuvent paraître inévitables. Allié de la première heure d’Emmanuel Macron, François Bayrou a profité de la faiblesse du locataire de l’Elysée pour s’imposer à Matignon après la chute de Michel Barnier en décembre dernier.

L’initiative de François Bayrou d’un référendum sur les retraites, alors que le conclave entre le patronat et les syndicats vient à peine de commencer, a de quoi surprendre. Evoquée dans une interview au « Figaro » la semaine dernière, elle a semé le doute, comme si François Bayrou actait déjà l’échec des discussions. Tout en mettant la pression sur les partenaires sociaux.

Cette initiative intervient au moment où Emmanuel Macron phosphore sur le sujet, après avoir, lors de ses derniers voeux, promis aux Français de les consulter cette année sur des « sujets déterminants ». Le mot référendum n’avait pas été prononcé, mais c’est bien ce scénario qui est privilégié par l’Elysée.

Pour l’instant, l’international accapare le temps présidentiel et l’entourage promet d’en dire plus d’ici à la fin du printemps. Reste à trouver le sujet, ce qui donne des sueurs froides au Palais. Compte tenu de la contestation de la réforme de 2023, les retraites ne figurent pas en haut de la pile. Le dernier référendum, sur l’établissement d’une Constitution pour l’Europe, date de 2005 et s’était soldé par un non cinglant qui avait affaibli Jacques Chirac, qui achevait alors son second mandat. Les Échos

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici