Le Forum du G7 se caractérise par sa capacité à favoriser la solidarité et à coordonner les politiques entre les principaux acteurs du système multilatéral de l’Occident. Son modus operandi est l’établissement d’un programme, la constitution de coalitions et l’action politique visant à façonner la géopolitique mondiale.
Dr Nasser Zammit, chercheur en relations internationales et en diplomatie, spécialiste des études stratégiques et politiques de défense, explique que le conflit en Ukraine a mis en lumière, et en partie déclenché, la ruée actuelle des grandes puissances pour façonner des alignements, des coalitions et des groupements politiques mondiaux. L’aide militaire, les sanctions économiques, les votes aux Nations unies, la diplomatie au sommet et la signalisation des alliances, font partie de la politique mondiale du XXIe siècle, et le succès ou l’échec de la politique étrangère dépend de la capacité de chacun à rassembler de grandes coalitions d’États à ses côtés. Pour la Russie, sa guerre contre l’Ukraine est alimentée par des griefs concernant l’empiétement de l’OTAN et l’hégémonie américaine, tandis que la Chine considère la guerre comme une opportunité de renforcer son soutien à un ordre international post-occidental. Pendant ce temps, le Sud global est apparu comme un groupe diversifié, et de nombreux pays tentent de rester à l’écart et s’appuient sur les principes de non-alignement. Une grande partie du monde vit en dehors du G7 plus qu’à l’intérieur de celui-ci, de sorte que la capacité de ces puissances à protéger leurs actions et à façonner les règles et les institutions mondiales dépend plus que jamais de la constitution de coalitions.
L’argumentaire politique
L’Algérie réunit aujourd’hui tous les attributs d’une puissance régionale. C’est la quatrième économie d’Afrique, ce qui lui permet d’assumer son ambition géopolitique en Méditerranée. La participation du président de la République au Sommet du G7 illustre, de ce fait, l’impact de l’action diplomatique, la force de l’argument politique de l’Algérie, et l’activisme multidimensionnel et à tous les niveaux d’une diplomatie politique, économique et culturelle du pays. «L’Algérie réussit, assurément, la conjugaison équitable de sa reconstruction interne et son redéploiement externe» explique Dr Zammit, pour qui le pays réussit à réduire sa dépendance économique et politique à l’égard de puissances étrangères et à multiplier les axes de l’équilibre» dans un monde de plus en plus fracturé. Le chercheur évoque une «évolution des déséquilibres régionaux et internationaux» qui appellent à «une adaptation de la politique étrangère et sécuritaire». Précisant que «la politique étrangère algérienne cherche à assurer la stabilité dans la région» Dr Zammit souligne «le rôle diplomatique actif, passé de l’isolement à cause des effets de la décennie noire au redéploiement après la réussite de la transition politique post-2019». Le chercheur pose que la diplomatie algérienne «est très respectée au sein de la sphère internationale». Et ajoute que l’objectif le plus en vue, que poursuit l’Algérie actuellement, «est de jeter les bases d’un nouveau système international dont la justice et l’égalité seront les principes directeurs». Les plus éminents des principes clés de la politique étrangère algérienne sont le soutien du droit des peuples à l’autodétermination, leur droit de contrôler leurs richesses et leurs capacités nationales et la non-ingérence dans les affaires intérieures ainsi que le refus de résoudre les conflits par la force. La voix de l’Algérie, qui résonne fort au Conseil de sécurité en faveur du droit légitime du peuple palestinien face au terrorisme d’État qu’exerce l’entité sioniste, rappelle que l’Algérie était l’un des pays à l’avant-garde pour la défense des intérêts des peuples opprimés et des pays du Sud. Faut-il rappeler dans ce cadre, le rôle de l’Algérie dans l’appel en 1974 à l’établissement d’un système économique mondial qui tienne compte des intérêts des pays en développement. Pour étayer son analyse, Dr Zammit revient sur les efforts de médiation de l’Algérie «basés sur une politique étrangère défendant le principe de stabilité dans la région et le refus de toute politique interventionniste des puissances étrangères», dont l’ingérence, poursuit-il, «pourrait conduire au chaos et à l’instabilité».
Un acteur neutre et crédible
L’Algérie est le plus grand pays arabe et africain en termes de superficie et est riche en ressources humaines et naturelles, notamment les ressources énergétiques, en plus de son positionnement très stratégique, comme porte de l’Afrique, pont vers l’Europe et passage vers l’ouest de l’Asie. Évidemment, l’Algérie se présente à la communauté internationale et au G7 «comme un acteur neutre et crédible dans les processus de médiation», note le chercheur pour préciser que la médiation algérienne repose sur les principes de «non-ingérence dans les affaires intérieures des États», ainsi que sur la promotion du «dialogue et de la discussion» entre les parties en conflit pour éliminer l’incertitude et parvenir à des solutions diplomatiques satisfaisantes pour la stabilité de l’ordre international». C’est pourquoi, dit-il, «Européens et Occidentaux voient en l’Algérie le partenaire fiable, dont l’enracinement culturel et géographique, à la fois africain, arabe et méditerranéen en fait une puissance tranquille qui s’affirme et s’impose».
Tahar Kaidi/ El Moudjahid