Le Président Tebboune donne des instructions strictes : Gérer et anticiper la rareté de l’eau
« Mobiliser les services de l’Intérieur, des Ressources en eau, de l’Agriculture, de l’Industrie et de l’Environnement, à grande échelle, en vue de créer un plan d’urgence visant à mettre en place une nouvelle politique permettant d’économiser l’eau à l’échelle nationale et de préserver la richesse hydrique souterraine. »
(*) Par Abdelkader REGUIG
L’eau source de vie. « Et fait de l’eau toute chose vivante. وجعلنا من الماء كل شيء حي. Sourate Al Anbiyaa Verset 30 .»
Ce liquide qui permet la vie sur terre, il permet aussi son développement.
Nos aïeux ont de tout temps chercher des procédés de distribution de l’eau équitablement pour la consommation d’eau et l’agriculture. De nombreux aménagements des milieux aquatiques existent, nous avons un procédé qui est inscrit au Patrimoine Hydraulique Mondial dans le sud « des foggaras celle de Meghier Adrar». Un procédé de distribution d’eau millénaire. Un héritage ô combien très riche, dans le sens « d’une économie de masse. »
Pendant longtemps, la distribution d’eau potable était considérée comme un service public au même titre qu’un établissement scolaire. La distribution et le traitement étaient en grande partie pris en charge par les communes.
Le traitement classique reposait sur une désinfection bactéricide au chlore (eau de javel), aujourd’hui, on doit débarrasser l’eau des polluants chimiques et des organiques (pesticides, nitrates, etc.). Il faut ajouter que le coût de la production d’eau, a énormément augmenté à partir des réformes de 1990. Il faut aussi signaler qu’à partir des fameuses réformes, l’Algérie a fait appel à des sociétés étrangères pour gérer la gestion de l’eau. Des sociétés françaises et espagnoles. Comment en sommes-nous arrivés là ? Pendant plus de 30 années, la gestion était faite par de simples agents communaux. Ces sociétés étrangères ont pompé des millions d’euros…
L’été 2022 avec une chaleur étouffante a été un calvaire, très pénible pour une partie de l’Algérie, en raison de la pénurie d’eau potable. Des milliers de foyers, dans de nombreuses villes d’Algérie, ont être privés d’eau potable pendant de longues journées.
Paradoxalement, ce n’est pas le cas des villes In Salah et Tamanrasset, etc..du Sahara qui souffrira le plus du manque d’eau, mais les villes du nord.
Nous devons aussi évoquer le commerce de l’eau en bouteille. Un déferlement unique de marques et chacun y va du sien, des eaux minérales naturelles, sources…, etc. Soi-disant sans aucun contrôle de pesticides, nitrates, ou autres.
Lors de ma contribution: « Le Président Abdelmadjid Tebboune prône une profonde réforme de l’Agriculture pour assurer une sécurité alimentaire » du 09/09/2022 sur le quotidien d’Oran, la patrie news, le Maghreb quotidien économique, « Il faut rappeler ce que Henri Chevalier a dit « l’eau, est le moteur des grandes civilisations » dans son livre « un enjeu pour demain » Nous avons ce constituant essentiel pour tous les organismes vivants. Cette eau pour la vie sur terre. Nous détenons des réserves pour des milliers d’années. Le volume des eaux contenues dans le Sahara Algérien est estimé à 40.000 milliards de mètres cubes. Nous exploitons à peine 1,7 milliard mètres cubes.
L’utilisation rationnelle et durable de la gestion des ressources doit être intégrée comme base pour un domaine d’intérêt prioritaire lié à « la sécurité alimentaire ». Par conséquent, à travers la mobilisation des ressources techniques et financières, et le capital humain doivent être au centre des stratégies de développement agricoles tant au sud qu’aux hauts plateaux. Toujours est-il que la question reste posée comment utiliser l’eau de la nappe albienne du sud algérien sans porter préjudice à l’équilibre environnemental, apportant ainsi une alternative possible aux usines de dessalement d’eau »
Comment sommes-nous arrivés à cette situation ? ce retournement est-il devenu possible dans un pays qui se targue d’avoir construit des stations de dessalement produisant deux millions de mètres cubes d’eau potable par jour, d’avoir construit le plus grand barrage du pays à Beni -Haroun, avec une capacité de près d’un milliard de mètres cubes .
De nombreux facteurs sont avancés pour expliquer cette crise par les Sociétés de gestion des services publics de l’eau et de l’assainissement des eaux usées.
Notre avis :
– La mauvaise gestion à caractérisé l’ensemble des sociétés de gestion des services publics de l’eau et de l’assainissement des eaux usées.
-Taux de fuite important dans les canalisations existantes, particulièrement dans les anciennes villes (Alger, Oran, Constantine, Annaba etc.. )
– du fait de l’élimination du Ministère de l’Hydraulique.
Un Ministère technique très important qui a été omis au détriment d’autres ministères qui eux ne sont que de simple service.
– Aujourd’hui, plus que jamais, il faut réhabiliter le Ministère de l’hydraulique pour prendre en main un domaine d’intérêt prioritaire lié à « la sécurité alimentaire » chère au Président de la République.
– L’eau, ressource, devient stratégique lorsqu’elle recoupe deux caractéristiques : indispensable et rare. L’eau regroupant parfaitement ces deux traits, elle est donc une ressource stratégique que l’on se doit de détenir pour vivre et survivre.
– Pour avoir travaillé dans ce secteur vital, je peux affirmer que cela n’occulte en aucun cas l’impact de la sécheresse, l’Algérie étant l’un des pays les plus soumis au stress hydrique.
« Nous ignorons la valeur de l’eau tant que le puits n’est pas sec ». Cette citation de T. Fuller date du 17ᵉ siècle, pourtant elle ne pourrait être plus d’actualité qu’aujourd’hui. L’eau douce est ainsi une ressource rare. Elle est également et surtout vitale.
Cette ressource est par ailleurs indispensable pour l’agriculture, elle est primordiale pour notre sécurité alimentaire. Avec l’intensification de la production agricole et l’usage de l’irrigation qui engendre des consommations d’eau croissantes. L’alimentation du bétail nécessite pareillement un approvisionnement abondant en eau dans les régions d’élevage. L’industrie représente, elle aussi, une consommation importante.
Aujourd’hui des précipitations importantes en Algérie, trop abondantes par moments à un moment donné au point de provoquer de ruissellements catastrophiques pour des terrains accidentés et les érosions dont l’intensité varie d’une région a une autre. Elle est plus ressentie à l’ouest du pays avec un taux de 47%, suivie de la région centre avec 27% et l’est avec 26%. La non-plantations d’arbres en amont des barrages et non muni de drains provocants les envasements des barrages.
Nous nous devons de nous organiser pour :
– Rendre plus efficientes les canalisations vétustes existantes dans les anciennes villes pour réduire le taux de fuite
– Améliorer le traitement des eaux usées
– Limiter la pollution des nappes phréatiques
– La Façon dont on la conserve, l’utilise et dont elle est distribuée au sein des communautés ainsi que sa qualité peuvent faire d’une ressource suffisante, une ressource qui ne répond pas aux besoins.
-Le secteur agricole est l’un des principaux utilisateurs de l’eau et contribue donc à la pollution des sols et des eaux, notamment via son usage d’engrais et de pesticides.
-– L’eau est aussi un instrument de maîtrise de l’intégrité territoriale et de contrôle social. La capacité à assurer à ses populations un accès à l’eau satisfaisant, condition d’un développement.
L’eau douce est aussi très inégalement répartie en Algérie. Cette eau va diminuer en raison de la croissance démographique et du changement climatique.
Notre défi de l’alimentation en eau :
– Ce sont aussi des équipements modernes de traitement et de distribution d’eau.
-C’est aussi apprendre à mieux gérer la disponibilité de la ressource en eau afin d’éviter les tensions et à mieux maîtriser aussi bien en volume qu’en qualité.
Nous nous devons aussi nous occuper du barrage vert pour stopper l’avancée du désert. Aujourd’hui, une population importante qui vie dans la steppe sur les hauts plateaux est menacée de déplacement et elle parcourt des kilomètres pour trouver de l’eau.
Une solution existe, celle de multiplier des forages avec des abreuvoirs mue avec des éoliennes.
-Une mobilisation en vue de sensibiliser la population des hauts-plateaux pour la prise de conscience des problèmes d’environnement, à savoir :
-La préservation et la sauvegarde des milieux naturels ainsi que la protection d’un bon nombre d’espèces animales et végétales menacées.
En 1971, lors de son cours magistral a l’institut de technologie Agricole, le Professeur René Dumont l’agronome tiers- mondialiste nous a dit « l’Afrique est mal partie et l’Algérie aura des problèmes d’eau. »
Lors de sa campagne pour l’élection Présidentielle en 1974, il apparut à la télévision un verre d’eau à la main en disant : Parmi la demi- douzaine des plus graves problèmes que l’humanité allait affronter, en cette fin du XXème siècle, il y aurait la question d’eau.
La canicule qui frappa l’Algérie en l’été 2022 doit être un clignotant rouge. Un voyant qui nous indique que notre pays à climat méditerranéen, à faibles précipitations, et à forte inondations, des feux de foret dû à des pyromanes ainsi que l’insuffisance d’entretien et de surveillance de foret. Des facteurs importants pour la prévention des calamités en période de forte pluviométrie et en période de sécheresse.
De ce fait nous pouvons affirmer que l’Algérie est partie prenante de ce monde qui est sujet à des bouleversements climatiques, au réchauffement, ainsi qu’à la baisse des températures, la fonte des glaces, suite à des rejets d’origines humaine des grands pays producteurs. Le CO2 pourrait dans les années avenir engendrer de très grands changements, le dérèglement thermique ont des multiples conséquences sur tous les écosystèmes.
À bon entendeur salut !
(*) Abdelkader REGUIG
Ancien membre du conseil de la nation
Abdelkader REGUIG Président de l’ordre des ingénieurs experts arabes suisse Genève
Ancien membre de la direction politique du pays Membre du Comité Central du parti FLN
Ancien Secrétaire Général de l’union nationale des scientifiques technologues algériens(UNSTA°
Email: orarexe@gmail.com