Le Makhzen et ses médias ont trop vite célébré l’adoption, le 31 octobre dernier, par le Conseil de sécurité de l’ONU, d’une nouvelle résolution sur le Sahara occidental.

Présentée à Rabat comme « une victoire diplomatique majeure », la résolution 2997 aurait, selon le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, « consacré le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine comme unique solution réaliste ».

En réalité, il n’en est rien. Les faits, les déclarations officielles et la lecture attentive du texte onusien révèlent une tout autre réalité : le Maroc n’a pas obtenu ce qu’il cherchait, tandis que l’Algérie, par la solidité de sa diplomatie, a préservé les fondamentaux du dossier sahraoui.

Lors de la séance du Conseil de sécurité, le Maroc a tenté un passage en force en cherchant à faire adopter un texte consacrant son plan d’autonomie comme seul cadre de règlement du conflit.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a expliqué sur la chaîne AL24 News que Rabat visait trois objectifs précis : affaiblir ou démanteler la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), imposer le plan d’autonomie comme unique horizon politique, et effacer toute référence au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Mais cette tentative a suscité une réaction défavorable de nombreuses délégations. Huit pays membres du Conseil de sécurité ont proposé des amendements pour rééquilibrer le texte initial, jugé partial et inéquitable. Résultat : la mouture finale, loin d’être le triomphe que Rabat proclame, réaffirme le cadre onusien et le droit des Sahraouis à l’autodétermination.

L’Algérie, qui n’a pas pris part au vote pour des raisons techniques, était « à deux doigts de voter pour la résolution », selon Ahmed Attaf. Si elle s’est abstenue, c’est uniquement parce qu’une référence à la « souveraineté marocaine » a été maintenue dans le préambule du texte, sans aucune valeur juridique contraignante. « Les fondamentaux du dossier sahraoui ont été préservés », a insisté le ministre, rappelant que le plan d’autonomie n’est cité qu’à titre d’option parmi d’autres, sans exclusivité ni reconnaissance de souveraineté. Cette nuance est capitale. Car sur le plan juridique, le dispositif de la résolution ne mentionne ni l’État marocain ni une quelconque souveraineté sur le Sahara occidental. Au contraire, le texte souligne la nécessité d’une solution conforme à la Charte des Nations unies, au droit international et au principe de l’autodétermination.

Une diplomatie algérienne efficace                                                                             Le Maroc espérait également réduire drastiquement le mandat de la MINURSO à trois mois, une manière d’en affaiblir le rôle historique dans la préparation du référendum. Grâce à une action diplomatique concertée entre Alger, New York et plusieurs capitales influentes, cette tentative a échoué. La mission onusienne a été renouvelée pour une année complète, un mandat qualifié de « normal » par rapport aux précédentes prorogations.

Ce renouvellement n’est pas qu’un simple détail administratif : il marque la continuité du processus de décolonisation du Sahara occidental, fondé sur le référendum d’autodétermination instauré en 1991. En d’autres termes, le cœur du mandat de la MINURSO demeure intact.

Derrière cette évolution, se dessine le rôle central de la diplomatie algérienne, fidèle à ses principes de justice et de légalité internationale. Sous la conduite éclairée du président Tebboune, l’Algérie a mené avec brio et talent un travail diplomatique calme, ferme et efficace.

Ce travail patient a permis de rétablir un équilibre face à la lecture biaisée que tentaient d’imposer certains membres du Conseil.

Pour Ahmed Attaf, cette bataille n’était pas seulement technique : elle relevait du devoir moral de défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. « Il existe dix-sept territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour des Nations unies, tous éligibles à l’exercice de ce droit. Pourquoi devrait-il y avoir un exceptionnalisme sahraoui ? », s’est-il interrogé.

Les déclarations de satisfaction à Rabat relèvent davantage de la propagande toxique que de la diplomatie. Le régime marocain aux abois, conscient du peu de substance obtenu, tente de transformer une impasse en victoire symbolique.

En réalité, comme l’a relevé Massad Boulos, conseiller de Donald Trump pour le Moyen-Orient et l’Afrique, « la résolution fait clairement référence à l’autodétermination », et son acceptation par le Maroc constitue « un pas important vers un règlement fondé sur un vote ou un processus de consultation ». Autrement dit, même les alliés de Rabat reconnaissent que la résolution ne valide absolument pas la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Au contraire. Si le Maroc continue de « vendre » l’illusion d’un succès, c’est avant tout pour des raisons de politique intérieure pour faire diversion et masquer ses échecs : maintenir le mythe d’un tournant décisif dans le dossier sahraoui, censé justifier la normalisation avec l’entité sioniste qui commet un génocide à Ghaza et renforcer l’illusion de la cohésion interne autour d’un trône en difficulté.

Mais la réalité diplomatique est tout autre : à l’ONU, le Maroc a échoué à imposer son récit et se retrouve à célébrer une simple mention dans un préambule.

Face à cette propagande triomphaliste d’un autre âge, l’Algérie se distingue par une posture de constance et de crédibilité. En défendant le droit, elle défend la stabilité régionale et la légitimité internationale. Car aucune paix durable ne saurait se construire sur le déni du droit des peuples.

Au terme de cette séquence, le bilan est clair : le Maroc n’a obtenu aucune reconnaissance nouvelle, la MINURSO conserve son mandat, et le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui reste pleinement inscrit dans le cadre onusien.

L’Algérie, par son engagement, a non seulement empêché une dérive dangereuse, mais elle a aussi réaffirmé le rôle de l’Afrique dans la défense du droit international. Ce qui s’est joué au Conseil de sécurité n’est pas une victoire du plus fort, mais celle du droit. Et dans cette bataille silencieuse, Alger a su rappeler, avec sang-froid et conviction, qu’aucune stabilité ne peut être durable si elle se construit sur l’injustice. Ouassim Mehadi 

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