Un cambriolage « express » a eu lieu au musée du Louvre à Paris, hier, dimanche 19 octobre au matin, peu de temps après l’ouverture des salles. Utilisant un monte-charge depuis le quai François-Mitterrand, côté Seine, quatre cambrioleurs sont parvenus à emporter huit joyaux de la couronne de France, des bijoux exceptionnels ayant appartenu à Napoléon. Ils se sont enfuis en scooter en laissant derrière eux une partie de leur butin. Le tout en sept minutes. Mais maintenant, que comptent-ils faire de ces bijoux patrimoniaux dont la valeur est inestimable ?
Les malfaiteurs qui ont commis le vol ont emporté huit pièces «d’une valeur patrimoniale inestimable » selon les autorités. Parmi elles, le diadème d’Eugénie, qui compte près de 2 000 diamants, et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie dernière reine de France (épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848), et d’Hortense de Beauharnais (mère de Napoléon III). Il est composé de huit saphirs et de 631 diamants, selon le site internet du Louvre, qui n’ouvrira pas ses portes ce lundi 20 octobre.
Revendre ces joyaux en l’état est impossible, ont indiqué les experts. Parce que ces bijoux sont répertoriés dans des inventaires royaux et impériaux, ainsi que dans ceux du musée. Du coup, le cambriolage pourrait répondre à une « commande privée » d’un amateur ou d’une amatrice de pièces historiques, à condition qu’il ou elle les garde secrètement.
Bijoux démontés et revendus Mais l’hypothèse la plus probable reste celle de la revente des bijoux une fois démontés. Magali Teisseire est experte en joaillerie pour la société de vente Sotheby’s : « Un diamant de taille ancienne peut se retailler dans une autre forme et être revendu. Malheureusement, s’ils sont retaillés, on ne peut pas déterminer la provenance puisque ce ne sont plus des pierres avec une taille, des facettes, des inclusions reconnaissables. »
Pour Olivier Valmier, commissaire-priseur, une course contre la montre est lancée pour éviter la destruction de ces bijoux dont l’or pourrait être rapidement fondu. « L’or, dit-il, historiquement, est extrêmement haut. Il a atteint cette semaine un record de 120 000 euros le kilo. Mais la valeur de l’or est moindre que celle des pierres précieuses à l’unité ». Les experts capables de tailler de façon optimale des diamants d’une telle taille sont rares, et le travail pourrait prendre plusieurs mois.
« Nous retrouverons les oeuvres et les auteurs seront traduits en justice », a promis dimanche soir sur X le président français Emmanuel Macron après le cambriolage. « Tout est mis en oeuvre, partout, pour y arriver », a ajouté le chef de l’État, qui a déploré un vol qui est « une atteinte à un patrimoine que nous chérissons car il est notre histoire ». Une soixantaine d’enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne et de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) sont mobilisés. Ce vol est le premier recensé au Louvre depuis celui en 1998 d’un tableau du peintre français Camille Corot jamais retrouvé.
Des opérations toujours spectaculaires Les vols spectaculaires, comme ceux des bijoux au Louvre, sont réalisés par des individus très préparés et organisés en réseaux. Et ce n’est pas la première fois qu’une grande institution culturelle mondiale est dépossédée d’objets inestimables.
Certains n’ont jamais été retrouvés, comme pour le braquage du musée Isabella-Stewart-Gardner, à Boston. En 1990, deux hommes, vêtus d’uniformes de police déclenchent l’alarme incendie en pleine nuit. Ils extirpent de leurs cadres treize peintures et dessins de Rembrandt, Vermeer et Manet. Le musée offre toujours dix millions de dollars, contre toute information.
Douze ans plus tard, le musée Van-Gogh d’Amsterdam est la cible de la mafia napolitaine. Les malfaiteurs grimpent sur toit avec une échelle, brisent la vitre et descendent dans la salle d’exposition, le long d’une corde. Les tableaux sont retrouvés en 2016, chez un des chefs mafieux. Retrouvé également, après un casse spectaculaire en 2004 à Oslo, le célèbre Cri de Munch.
Autre exemple, le vol de 21 bijoux dans un musée de Dresde en Allemagne, par un clan berlinois, en 2019. L’affaire n’est pas entièrement résolue, puisque trois parures restent introuvables. Le Louvre, lui-même, a déjà été le théâtre d’un vol tout aussi spectaculaire. En 1911, La Joconde est dérobée, cette fois-ci par un vitrier qui travaillait pour le musée. Le tableau retrouve sa place deux ans plus tard. RFI