Alors que certains Californiens ont perdu leur maison dans les incendies de Los Angeles, certains propriétaires immobiliers sont accusés de profiter de la situation. Au point que le procureur général de l’État Rob Bonta a dû rappeler samedi 11 janvier que le gonflement des prix était strictement interdit en Californie et puni par la loi.
Débutés mardi 7 janvier, les feux continuent de faire rage à Los Angeles et ont fait au moins 24 morts, selon le dernier bilan des autorités. Ils ont aussi détruit plus de 12.000 bâtiments, selon l’agence de presse américaine Associated Press et forcé plus de 150.000 personnes à fuir leur domicile.
Dans l’attente d’un nouveau logement stable, de nombreux Américains cherchent une location. Mais depuis le départ des feux, de nombreux témoignages évoquent une montée soudaine des prix des loyers dans la région de Los Angeles.
« Complètement fou »
Maya Lieberman, Américaine de 50 ans, a vu sa maison située dans le quartier de Pacific Palisades, à Los Angeles, partir en fumée. Encore marquée par cette soudaine perte, elle confie à l’Agence France-presse (AFP), ses difficultés pour se reloger.
« C’est complètement fou », explique-t-elle. « Nous avons déposé une demande pour une maison à Venice (quartier de Los Angeles, NDLR) qui était annoncée à 17.000 dollars par mois, et ils nous ont dit que si nous ne payons pas 30.000 dollars, nous ne l’aurions pas », s’indigne-t-elle.
« Ils m’ont dit qu’ils ont des gens prêts à surenchérir et à payer cash », ajoute celle qui vit provisoirement à l’hôtel.
Les loueurs « profitent » de la situation
La quinquagénaire est loin d’être la seule dans cette situation. Une agente immobilière à Los Angeles, Laura Kate Jones, raconte au New York Times avoir noté vendredi dernier une augmentation des loyers de 15% à 20% en l’espace d’une nuit, alors qu’elle travaillait pour une famille cherchant à se reloger après les feux. Une augmentation soudaine des prix à laquelle cèdent certaines familles.
« Les gens sont tellement inquiets et désespérés à l’idée d’acheter une maison qu’ils jettent l’argent par les fenêtres », assure l’agente immobilière.
« Les (loueurs) en profitent. C’est épouvantable », déplore-t-elle.
Sur le site d’annonces immobilières Zillow, les tarifs de diverses locations situées dans l’ouest de Los Angeles ont de fait augmenté de 10-15% en quelques jours, quand une simple chambre à louer dans le quartier de Venice avait vu son prix grimper de 64% en quelques jours, note le média américain.
La star de « Selling Sunset » dénonce aussi le phénomène
Le courtier en immobilier américain Jason Oppenheim, star de l’émission de téléréalité Selling Sunset diffusée sur Netflix et qui suit des agentes immobilières dans leur quotidien à Los Angeles, dénonce lui aussi le phénomène.
À la BBC, il raconte notamment la mésaventure d’un de ses clients. Alors qu’il visitait une maison dont le loyer proposé avant les feux s’élevait à 13.000 dollars/mois, il assure que le propriétaire a fait grimper le prix après les incendies.
« (Mon client) a proposé 20.000 dollars par mois et il a proposé de payer six mois d’avance et le propriétaire a dit: ‘Je veux 23.000 dollars' », assure le magnat de l’immobilier.
Un marché locatif restreint
La recherche d’un nouveau logement s’annonce complexe pour de nombreux habitants, alors qu’avant même les feux, le marché locatif était déjà restreint à Los Angeles, les loyers ayant doublé en dix ans.
De quoi inquiéter Brian, retraité qui vivait à Pacific Palisades depuis 20 ans, dans un studio où le loyer était plafonné, mais qui a tout perdu dans les incendies. « Je suis de nouveau sur le marché avec des dizaines de milliers de personnes. Cela n’augure rien de bon », soupire-t-il auprès de l’AFP.
Conscient des difficultés, le Californien estime qu’il va « probablement devoir déménager plus loin dans les terres, vers Sherman Oaks ou Studio City » pour trouver un loyer abordable.
Le gonflement des loyers passible d’un an de prison
Samedi 11 janvier, le procureur général de l’État a mis en garde les propriétaires peu scrupuleux, rappelant que gonfler artificiellement constitue un « crime passible d’un an de prison et de 10.000 dollars d’amende ».
De fait, en Californie, la loi établit que lorsque l’état d’urgence est déclaré, comme c’est le cas actuellement en lien avec les incendies, les prix ne peuvent augmenter que de 10% maximum pendant une durée de plusieurs mois dans de nombreux secteurs, dont la location immobilière.
En raison des feux, le gouverneur de Californie Gavin Newsom a signé dimanche un décret pour prolonger cette mesure jusqu’en janvier 2026.
Pas une première
Dans le viseur des autorités, notamment, les plateformes de location, comme AirBnb, où les prix sont fixés en fonction de la demande et peuvent donc grimper soudainement et ne plus respecter la législation.
Pour le directeur du Ziman Center pour l’immobilier de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), Stuart Gabriel, la montée des prix de l’immobilier n’est pas une première après une catastrophe de ce type et il assure qu’elle est même inévitable en cas de déplacements massifs de population.