L’authenticité du patrimoine musical algérien a été exprimée de fort belle manière, jeudi à Alger, par le ténor de la chanson andalouse, Farid Khodja qui a animé un récital hawzi et aroubi, dans une ambiance conviviale.

Le public restreint -espace réduit oblige- de la cour de la Villa Dar Abdelatif, a eu droit, près de 80 mn durant, à une belle escapade musicale que Farid Khodja a voulue pleine d’onirisme et de fantaisie.

A l’instar d’autres artistes invités par le peintre-plasticien et professeur Denis Martinez, dans le cadre de l’installation, « Actes de vie », une rétrospective consacrée à son parcours artistique singulier, visible au même endroit jusqu’au 31 du mois en cours, Farid Khodja intervient avec une vingtaine de pièces rendues dans les modes Mezmoum et Sika.

Préludant avec un istikhbar dans le mode « Raml El Maya » suivi par « Tchambar Araq », le ténor a entonné avec une voix présente et étoffée les pièces, « Ad’khalt ler’Riadh med’houch », « Djabaka l’ gheïthou », « Farakouni ya tara houm yardjiâoun », « Men aând’ha h’rouf b’hak », « Altaf ya malki ab’âabdek », « Reghbou tadj el m’lah fiya » et « Ya rouhi wa ya rayhani ».

Après avoir fait part de son « bonheur de retrouver une partie de son public algérois », Farid Khodja, au R’beb, s’est entouré de sept musiciens professionnels, Sid Ahmed Debonno au piano, Réda Tabti au violon, Mohamed Belkhodja à l’Oud, Chemseddine Miri au banjo, Rabah Azzoug au ney, Rachid Ait Idir au Tar et Sofiane El Hadj à la derbouka..

Se soustrayant volontairement à la forme dogmatique consacrée du récital andalou, Farid Khodja entendait rappeler la grandeur et la noblesse de ce genre de musique, mettant en valeur tout le talent qui fait sa réputation dans l’univers de cette musique savante, ouverte sur tous les autres styles de musique.

C’est ainsi que l’Artiste va, lors de la deuxième partie de sa remarquable prestation, enchaîner sur une cadence à trois temps, la célèbre Symphonie No 2 du grand compositeur russe, Dmitri Chostakovitch, à la pièce « Harramtou bik nouâassi ».

Le ténor n’hésitera pas également à interpréter un couplet de « Chahlet laâyani » en Espagnol, l’entamant avec, « Siempre quédé quendento », ou encore reprendre en musique dans les cadences irrégulières du genre andalous, « I will survive » de la chanteuse américaine Gloria Gaynor et « Bella ciao », chant patriotique italien, écrit en 1944 par Vasco Scansani.

Pimpant, souriant et adressant des signes de bienvenus aux spectateurs retardataires, puis interagissant avec le public, en lui faisant reprendre quelques refrains, Farid khodja n’hésitera pas dans son élan de spontanéité à parler au public, lui traduisant entre deux couplets et en plein orchestration, les prochains vers de la chanson en cours d’interprétation.

Le récital s’est poursuivi dans des atmosphères de joie, avec entre autre pièces, « Wa melli bi djismi », »Harq ed’dana mouhdjati », « Netwahach el habayeb », « En’Ness rom tahmouni », « Selli houmoumek » pour conclure avec « Blida ya blida », un hommage à sa ville natale, repris en chœurs par l’assistance.

A travers la richesse des textes séculaires de poètes érudits, mis en musique dans de belles mélodies andalouses aux variations modales et rythmiques empreintes d’authenticité, Farid Khodja a séduit l’assistance qui l’a longtemps applaudi, savourant tous les moments du récital dans la délectation. Né à Blida, Farid Khodja a, dès son enfance, été bercé par les sons voluptueux du R’bab son instrument de prédilection qu’il héritera de son oncle Mohamed Khodja dit Dziri.

Très tôt, initié à la nouba, il assistait aux répétitions que son oncle dirigeait au sein de la doyenne des associations blidéennes « El Widadadia ».

A11ans il est inscrit par son père à l’Ecole Nedjma où il apprend ses premières gammes musicales, avant de répondre favorablement aux sollicitations du regretté Abdelhakim Meziani, qui voulait l’intégrer à l’association « Al Andaloussia d’Alger ».

La rencontre des maîtres Mustapha Boutriche, Mohamed Khaznadji et Nourredine Saoudi lui permettra de progresser vite.

Farid Khodja formera son orchestre en 2002, comptant, depuis, à son actif cinq albums, « Nouba Mezmoum » (2002), « Oum El Hassen » (le rossignol-2005), « Sérénade » (2007), « Nouba Mechmoum » 2009 et « Narandj » (2017), dont la jaquette est frappée d’une œuvre de Denis Martinez.

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