Le Conseil de l’Europe a demandé, hier mercredi, à l’Espagne de suspendre sa coopération en matière de contrôle des frontières avec le Maroc pour éviter que se reproduise le drame du 24 juin dernier, où des dizaines de migrants africains subsahariens ont été tués aux frontières entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla.

Le Conseil de l’Europe, principale organisation de défense des droits de l’homme en Europe, demande également à Madrid de suspendre toutes les activités communes susceptibles de conduire à de « nouvelles violations des droits humains ».

A ce titre, dans un rapport publié hier mercredi 10 mai, repris par plusieurs médias espagnols, la commissaire aux droits de l’homme du conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, qui a accusé ouvertement le Maroc auquel elle a imputé la responsabilité de la mort des migrants subsahariens, et ce après avoir visité l’enclave espagnole de Melilla en novembre dernier pour enquêter sur le drame du vendredi noir, a demandé au gouvernement espagnol de suspendre sa coopération en matière de contrôle des frontières avec le Maroc et de revoir les termes de cette coopération.

Dans ce même rapport, Dunja Mijatovic a exhorté les autorités espagnoles à opérer un changement radical dans leur gestion de l’émigration que cela soit au niveau de la ville de Melilla ou de Ceuta.

En effet, le rapport rappelle avec fermeté que l’Espagne est dans « l’obligation absolue » de garantir que toute personne ayant été sous sa juridiction, une fois expulsée, ne soit pas maltraitée, torturée ou mise en danger. Et cela « même si elle a tenté de franchir la frontière, sauter par-dessus la clôture ou en violant les voies d’entrée régulière sur le territoire espagnol ».

La commissaire européenne a critiqué le Maroc pour avoir utilisé la violence qui a mené au drame du 24 janvier faisant plusieurs dizaines de victimes, se référant à des rapports concordants qui prouvent que les migrants subsahariens avaient été victimes de maltraitance graves.

Par ailleurs, Dunja Mijatovic, dans son rapport, a exprimé son inquiétude quant à la tiédeur qui a caractérisé la coopération de Madrid dans ce dossier.
Dans ce sens, rappelant les alertes du Commissariat européen et ses missives adressées au ministre de l’intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, la commissaire européenne déplorera qu' »aucune mesure concrète n’a été prise ». C’est pourquoi, elle sommera Madrid de réviser les termes de la coopération avec le Maroc et ce afin de « prévenir de futures tragédies ».

« Les opérations d’expulsion forcées des migrants illégaux doit cesser » et que « les pratiques en relation avec le contrôle des frontières doivent être conformes aux exigences du respect des droits de l’homme », a soutenu Dunja Mijatovic.

Elle insiste également sur le fait que les projets de coopération avec un pays tiers pour le contrôle de l’émigration « doivent être conformes aux normes internationales des droits de l’homme ».

Tout en rappelant l’importance de la surveillance et du contrôle des frontières, la commissaire européenne insiste pour que ces opérations se fassent dans un cadre de « transparence et de responsabilité, qui impliquent une évaluation des conséquences de cette coopération ».

Le drame du vendredi noir, où des dizaines de migrants africains ont été tués par les force de l’ordre marocaines avait choqué l’opinion publique internationale. Plusieurs ONG marocaines, africaines, arabes et internationales avaient réclamé au régime du Makhzen de mettre un terme à ses opérations sécuritaires visant les migrants africains subsahariens et leurs familles.

Rappelons qu’un nouveau rapport du Comité de l’ONU sur les travailleurs migrants a épinglé le Maroc pour « discrimination » envers les travailleurs migrants, dénonçant des arrestations et des expulsions arbitraires. Le comité a exprimé sa préoccupation quant aux traitements discriminatoires imposés aux migrants subsahariens et a exhorté le Maroc à prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre le racisme en organisant, entre autres actions, des campagnes de sensibilisation auprès de la population marocaine.

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