Tous les grands contributeurs de l’Union africaine ont condamné la décision de Moussa Faki d’avoir accrédité l’ambassadeur de l’Etat hébreu au sein de l’organisation, une première depuis plus de deux décennies.
Le débat a finalement commencé, très tard, vendredi 15 octobre, et ne s’est achevé que le 16 dans la nuit. Les membres de l’Union africaine (UA) avaient forcé le président de la commission Moussa Faki à inscrire à l’ordre du jour du conseil exécutif des 14 et 15 octobre, une discussion polémique sur l’accréditation en juillet d’Israël auprès de l’organisation (AI du 31/08/21). Une première depuis plus de deux décennies. Deux heures durant, Moussa Faki a été éreinté par une trentaine de contributions de ministres des affaires étrangères ou d’ambassadeurs accrédités à Addis-Abeba critiquant sa décision.
Le Nigeria, l’Egypte, l’Afrique du Sud…
La très grande majorité des pays membres ont considéré ce choix comme l’erreur historique de Faki, avant de demander de revenir à la situation ante au plus vite. Un retour en arrière permettrait à l’Autorité palestinienne de rester la seule voix autorisée à l’UA sur le conflit israélo-arabe. Fait rare pour un sujet de politique extérieur au continent : tous les grands contributeurs ont condamné comme un seul homme le choix de Faki, y compris les pays ayant reconnu Israël depuis des décennies, comme le Nigeria ou l’Egypte.
La ministre sud-africaine des affaires étrangères, Naledi Pandor, a même convoqué Nelson Mandela,qui considérait lorsqu’il était président que, tant que la Palestine ne serait pas libre, l’Afrique ne le serait pas non plus. Pandor a même souligné la menace quasi existentielle que l’accréditation d’Israël faisait porter sur l’UA. Son homologue algérien Ramtane Lamamra,dont le pays ne reconnaît pas Israël, a été aussi particulièrement dur.
Même le Maroc, dont la reconnaissance de l’Etat hébreu date de moins d’un an, a été très mesuré dans son soutien à l’arrivée d’Israël à l’UA. Les défenseurs indéfectibles de la cause israélienne ont peu pesé face au rouleau compresseur de leurs adversaires. Le ministre des affaires étrangères de RDC Christophe Lutundula Apala, dont le pays occupe actuellement la présidence de l’UA, ne s’est pas exprimé, du fait de la neutralité inhérente à sa fonction, alors que le chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi sera en Israël du 24 au 27 octobre (AI du 19/10/21).
La décision reportée
Aucune décision n’a finalement été prise à l’issue des discussions. Le conseil exécutif, ne pouvant que constater combien la majorité des Etats était opposée à la position de Faki, a renvoyé le sujet au sommet des chefs d’Etat de janvier-février 2022. Ils devront trancher sur le devenir d’Israël dans l’organisation panafricaine. Israël a pu aisément comprendre le message des 15 et 16 octobre : l’Etat hébreu n’est pas le bienvenu et l’accréditation de son ambassadeur à l’UA, le diplomate d’origine éthiopienne Aleli Admasu, demeure d’ici janvier 2022 particulièrement théorique.
Africa Intelligence