Des chercheurs de l’armée chinoise ont mis au point une nouvelle technologie d’accélération magnétique basée sur une architecture en croix. Cette configuration permettrait de propulser des projectiles plus lourds sur des distances stratégiques sans perte de puissance.
Depuis des décennies, les grandes puissances militaires explorent des moyens de projeter des charges à des vitesses extrêmes sans utiliser de poudre ni d’explosifs. Au cœur de cette quête, le canon électrique chinois marque une étape inédite. En combinant puissance électromagnétique et architecture en croix, cette arme expérimentale pourrait propulser un projectile à Mach 7 sans sacrifier ni durabilité ni précision. Une avancée technologique qui bouscule les limites imposées jusqu’ici par la chaleur et les contraintes matérielles.
Un design inédit pour repousser les lois de la physique Le railgun n’est plus une invention marginale. Depuis 2018, la Chine teste un prototype installé sur le navire Haiyangshan. Elle pousse les limites de l’accélération magnétique bien au-delà du laboratoire. Mais une faiblesse freine encore ces armes. Le courant intense finit par faire fondre certaines pièces. Parfois, la force des champs magnétiques déchire même les structures métalliques.
Pour dépasser cette barrière, une équipe dirigée par le professeur Lyu Qingao, à l’Université d’ingénierie de l’Armée populaire de libération, a imaginé un canon croisant deux railguns dans un même tube, à angle droit. Chaque circuit est autonome, orienté perpendiculairement à l’autre, ce qui permet de multiplier la puissance sans que les champs électromagnétiques ne se parasitent mutuellement. Le South China Morning Post souligne que ce système en forme de X permettrait de lancer un projectile de 60 kg à plus de 8 600 km/h, tout en contournant les effets destructeurs liés à la chaleur et aux surtensions.
Le canon électrique chinois réinvente l’artillerie sans poudre À l’inverse des missiles ou des obus conventionnels, ce type de canon ne s’appuie ni sur la combustion, ni sur la propulsion chimique. Tout repose sur l’accélération linéaire d’un projectile métallique sous l’effet de champs magnétiques. Cette technologie permet non seulement de réduire les coûts par tir, mais aussi d’éliminer les risques liés au stockage d’explosifs. Un avantage stratégique majeur, dans un monde où la logistique militaire doit composer avec des frappes de drones et des conflits asymétriques.
Selon Interesting Engineering, le nouveau prototype chinois ambitionne de toucher une cible située à 400 kilomètres en seulement six minutes, avec une vitesse d’impact supérieure à Mach 4. Le niveau de précision, combiné à la rapidité, rendrait ces projectiles aussi redoutables que certains missiles de croisière, tout en étant plus difficiles à intercepter et bien moins coûteux à produire.
Cette rupture dans la conception des armes longue portée se détache nettement des choix occidentaux. Les États-Unis ont mis fin à leur programme de canon électrique en 2021, estimant que les défis technologiques étaient trop coûteux face aux avancées des missiles hypersoniques. Le Japon, de son côté, poursuit des essais plus modestes avec des projectiles de 300 grammes seulement, selon Asia Times.
De l’expérimentation aux champs de bataille du futur Si le système en croix promet une puissance de feu inédite, il reste encore à démontrer sa viabilité en conditions réelles. Les chercheurs chinois eux-mêmes reconnaissent plusieurs incertitudes. Le phénomène dit d’“effet de proximité”, où deux circuits électriques très proches peuvent altérer leur fonctionnement respectif, pourrait alors engendrer des pertes d’efficacité ou des instabilités critiques au moment du tir.
De plus, aucun essai en condition opérationnelle n’a encore été conduit. Le prototype reste confiné aux laboratoires et aux brevets déposés, comme celui enregistré récemment sous le nom de “canon électromagnétique à armature en X”. Pourtant, si ces limitations sont levées, cette arme pourrait changer la manière dont les conflits sont pensés et anticipés. Science et Vie