Le gouvernement de Pedro Sánchez a annoncé mettre en place un plan de « déconnexion technologique » vis-à-vis de l’industrie militaire israélienne. Le ministère de la Défense a décidé d’annuler l’achat de 1 680 missiles antichars Spike LR2, mettant fin à un contrat de 287,4 millions d’euros conclu le 23 novembre 2023.
Le ministère de la Défense espagnol a décidé d’annuler l’achat de 1 680 missiles antichars Spike LR2, mettant fin à un contrat de 287,4 millions d’euros conclu le 23 novembre 2023, c’est-à-dire deux semaines après le début du massacre initié par Israël en réponse à l’attaque du Hamas du 7 octobre. L’information a été révélée ce mardi 3 juin par le média public espagnol Cadena SER, qui a précisé que l’armement en question devait être fabriqué dans le pays ibérique sous licence de l’entreprise israélienne Rafael.
Des sources au sein du gouvernement espagnol auraient précisé qu’un programme de fabrication de lance-roquettes allait se poursuivre mais sans incorporer de technologie provenant de l’entreprise israélienne Elbit, comme prévu initialement.
Ces deux décisions font suite au projet de « déconnexion technologique » annoncé vendredi 31 mai par la secrétaire d’État à la Défense, Amparo Valcarce. Ce plan doit contribuer « au désengagement des dépendances d’autres pays (en matière militaire) et en particulier de l’État d’Israël ».
L’Espagne : toujours plus de mesures contre le gouvernement Netanyahou Fer de lance des pays européens promouvant la fin du bain de sang perpétré par Israël depuis maintenant vingt mois, le gouvernement dirigé par le socialiste Pedro Sanchez est poussé à prendre toujours plus de mesures contre le gouvernement de l’ultra-droitier Benyamin Netanyahou, pressé par une opinion publique solidaire de la cause palestinienne ainsi que par l’aile gauche de la coalition au pouvoir.
Ainsi, la mise en œuvre du plan lancé par le ministère de la Défense prépare l’entrée en vigueur de la proposition de loi – actuellement au Congrès à l’initiative de la coaliton progressiste Sumar – sur l’embargo sur le commerce d’armes avec des pays inculpés par les tribunaux internationaux pour crimes contre l’humanité (comme Israël).
En avril dernier, le gouvernement espagnol a fait face à un tollé provoqué par la révélation d’un contrat de 6,8 millions d’euros pour l’achat de munitions en provenance d’Israël destinées à la Garde civile. L’aile gauche du gouvernement avait finalement fait plier le chef du gouvernement, déjà très critiqué après l’annonce d’une augmentation des dépenses militaires de 10,4 milliards d’euros afin d’atteindre les 2 % du PIB demandés par l’Otan.
Vers un embargo international sur la fourniture d’armements à Israël ? Pedro Sánchez, qui a utilisé pour la première fois, le mois dernier, publiquement le terme de « génocide » pour qualifier la situation à Gaza, a défendu un embargo international sur la fourniture d’armements à Israël, et a inclus un veto sur l’utilisation de la technologie israélienne dans les systèmes d’armes fabriqués en Espagne.
En revanche, le quotidien El País assure, citant des sources gouvernementales, qu’« un troisième grand contrat conclu entre le ministère de la Défense et l’industrie militaire israélienne » se poursuit. Il s’agit de l’acquisition de technologie laser destinée à équiper les avions de combat Eurofighter ; un achat mené par le consortium gérant ce programme international.
En France, plusieurs associations ont une nouvelle fois assigné en justice le Salon aérospatial du Bourget (Seine-Saint-Denis) qui doit se tenir du 16 au 22 juin, reprochant à ses organisateurs de promouvoir des entreprises du secteur de la défense, notamment plusieurs israéliennes.
En France “aucune mesure forte et concrète pour mettre un terme à l’armement du génocide” Ce 4 juin, le Salon devra répondre devant la justice « de l’accueil d’entreprises qui participeraient aux crimes internationaux israéliens », ont dénoncé les promoteurs de l’action en justice, les associations Al-Haq, Union juive française pour la paix, Attac-France, Stop Fuelling War et Survie, avec la coordination de Droit & Mouvements Sociaux.
« Alors que l’Espagne commence à prendre de réelles mesures contre le commerce des armes avec Israël en limitant non seulement les ventes d’armes mais aussi les achats et autres partenariats, la France n’a à ce jour pris aucune mesure forte et concrète pour mettre un terme à l’armement du génocide » estime pour sa part Laura Z., membre de Stop Arming Israel France.
En pointant du doigt un double discours de la part des autorités de l’Hexagone – qui appellerait à la paix tout en continuant d’autoriser et de favoriser le commerce des armes avec le gouvernement de Benyamin Netanyahou – l’activiste souligne que le fait d’interdire la participation d’Israël au Salon du Bourget serait un premier pas dans la bonne direction. « En continuant d’autoriser la participation d’Israël à un des principaux salons d’armement au monde, la France lui permet non seulement d’acheter des armes qui serviront à commettre des crimes de guerre, mais aussi de vendre ses propres produits “testés au combat”, c’est à dire sur les civils palestiniens », regrette-t-elle. Mais pour Laura Z. quelles que soient les décisions prises par le gouvernement ou la justice française, « la mobilisation populaire » continuera jusqu’à l’arrêt total du commerce d’armement avec Israël. l’Humanité