Emmanuel Macron est réélu pour un second mandat avec 58,8% des voix contre 41,2% pour Marine Le Pen, selon une estimation Ipsos-Sopra Steria.
Le président sortant bat, pour la seconde fois, la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, mais avec un écart de voix plus resserré qu’il y a cinq ans. Une réélection qui s’explique notamment par les crises qu’a traversées le pays mais aussi par la persistance, malgré tout, du front républicain.
« On ne s’est pas projetés dans l’échec », fanfaronnait quelques jours avant le premier tour un dirigeant macroniste. C’est désormais chose faite. Emmanuel Macron restera cinq années de plus à l’Elysée. Il a décroché un second mandat, dimanche 24 avril, face à Marine Le Pen avec 58,8% des voix contre 41,2% pour la candidate d’extrême droite, selon une première estimation Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, France 24, les chaînes parlementaires et Le Parisien. Marine Le Pen progresse elle de 7,3 points par rapport à 2017.
Pour ce match retour, l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande fait moins bien qu’il y a cinq ans, où il avait totalisé 66,1% des suffrages. Ce resserrement significatif témoigne de l’avancée des idées de Marine Le Pen dans l’électorat français, malgré ce troisième échec de son camp au second tour de la présidentielle. Il sonne aussi comme un sérieux avertissement pour Emmanuel Macron et ses troupes, tant l’espoir d’une victoire de l’extrême droite demeure chez certains, en vue du prochain scrutin présidentiel, en 2027.
Avec cette réélection, le candidat LREM réussit là où ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy (en 2012) et François Hollande (en 2017) avaient échoué. Quant à François Mitterrand en 1988, et Jacques Chirac en 2002, ils avaient été réélus après une période de cohabitation.
Un front républicain dégradé mais persistant
« A chaque élection, il y a la tentation de l’alternance, le sortant est toujours en situation défavorable, livre l’historien Mathias Bernard, président de l’Université Clermont Auvergne. Contrairement aux élections locales, où il y a une prime au sortant, à la présidentielle, il y a une prime au changement. » C’est notamment ce qui avait porté au pouvoir Emmanuel Macron en 2017. Certes, le président sortant de l’époque, François Hollande, n’était pas candidat à sa réélection, mais le fondateur d’En marche ! avait su incarner la nouveauté, prônant le dépassement du clivage gauche-droite au détriment des partis traditionnels.
Sa réélection ne porte pas, cette fois, la marque du changement, encore moins de l’alternance. Elle s’explique par des raisons politiques mais aussi conjoncturelles. Premier ingrédient du succès d’Emmanuel Macron : la persistance d’un front républicain contre l’extrême droite, malgré la dédiabolisation engagée de longue date par Marine Le Pen. Si le front républicain n’a « pas la même vigueur qu’en 2002 et en 2017, il a, malgré tout, joué », soutient Mathias Bernard.
« La crainte et la détestation de l’extrême droite est malgré tout plus forte que la haine que pouvait inspirer Emmanuel Macron à certaines personnes », embraie Jérémie Peltier, directeur des études de la Fondation Jean-Jaurès. « Marine Le Pen reste inquiétante pour plus d’un Français sur deux », rappelle le sondeur de l’Ipsos Mathieu Gallard, en citant une étude de son institut sur le sujet.
De Valérie Pécresse à Yannick Jadot en passant par Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon, les candidats éliminés au premier tour ont été nombreux à appeler à faire barrage à l’extrême droite, soit en appelant à voter directement pour Emmanuel Macron, soit en demandant qu’aucune voix n’aille à la candidate du RN. Les deux anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande ont aussi appelé à mettre un bulletin Macron dans l’urne. La société civile, qu’il s’agisse de sportifs, d’artistes ou de militants associatifs, s’est également mobilisée pour empêcher l’accession au pouvoir de Marine Le Pen. France Info