Certes, la diplomatie c’est les intérêts mutuels, un ami Ambassadeur actuel dans un pays occidental m’a, un jour clairement affirmé que l’exercice de celle-ci répond à un principe: le donnant-donnant, mais là, il y a une limite que Lavrov semble avoir allègrement franchie.
Serguei Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, s’est illustré ces derniers jours par deux déclarations bien étranges, et qui ne cadrent aucunement avec les positions et principes habituels de son pays.
A partir de Moscou, il s’exprime sur la question du Sahara Occidental évoquant pour la première fois une solution « équilibrée et satisfaisante pour toutes les parties ».
Moscou a, toujours affiché une position claire quant à ce dossier de décolonisation et les observateurs se sont interrogés sur cette sortie, pour le moins surprenante, à deux semaines de la réunion du 30 octobre sur le renouvellement de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) dont le mandat expire le 31 de ce mois.
Le voisin de l’Ouest a, vite fait, d’exploiter cette nuance qui n’est, en aucun cas, un soutien à l’option chère au Makhzen mais une manoeuvre russe entrant dans le cadre des jeux d’influence auxquels se livrent les russes et les États-Unis dans la zone nord-africaine.
En ce qui concerne sa réponse à une journaliste lors de la même conférence de presse avec la presse arabe sur les exactions d’Afrika Corps (ex-Wagner) contre des civils au nord du Mali, cette milice qu’il reconnait être affiliée au ministère russe de la défense, Lavrov botte en touche et met la position habituelle de son pays dans un embarras qui pourrait avoir de lourdes conséquences.