La route migratoire vers les Canaries connaît une nette mutation ces dernières semaines : pour éviter le renforcement des contrôles en Mauritanie et au Sénégal, les départs de pirogues clandestines se font désormais de plus en plus depuis la Guinée.
Ce nouvel itinéraire emprunté par les migrants, en allongeant la durée de la traversée, rend le trajet encore plus dangereux.
La route migratoire vers les Canaries connaît une nette reconfiguration ces dernières semaines. Alors qu’habituellement les pirogues de migrants tentaient de rejoindre clandestinement les îles Canaries depuis le Sénégal, la Mauritanie ou encore le Maroc, désormais, les départs se sont déplacés. Les embarcations de fortune se font de plus en plus depuis le Sud, en Guinée, a déclaré ce jeudi le délégué du gouvernement aux Canaries, Anselmo Pestana.
Ce dernier insiste aussi sur le changement de route de certains migrants qui optent pour l’Algérie, dans le but d’atteindre l’Espagne via les Baléares. D’après le délégué, ces changements d’itinéraire opérés par les passeurs est dû au renforcement des contrôles menés au Sénégal et en Mauritanie depuis le début de l’année.
Cette nouvelle route guinéenne vers les Canaries s’avère cependant particulièrement dangereuse, puisqu’en allongeant la traversée, elle augmente également les risques de naufrages et de dérive des embarcations. Anselmo Pestana a ainsi mis en garde contre ce changement et exprimé son inquiétude face aux risques accrus pour les migrants.
Sur la seule année 2024, l’ONG espagnole Caminando Fronteras a établi un bilan de 10 457 personnes mortes ou disparues en mer. Le bilan de ces naufrages invisibles est largement sous-estimé puisqu’un grand nombre d’embarcations disparaissent en mer sans que l’on ne retrouve jamais leur trace.
Au cours de l’année 2024, 46 843 exilés, principalement en provenance d’Afrique de l’Ouest, ont atteint les îles Canaries. Du jamais vu pour l’archipel espagnol, qui fait face depuis plusieurs mois à une saturation de plus en plus importante de son système d’accueil.
Des itinéraires plus lointains pour échapper aux contrôles D’après l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, Frontex, une baisse de 41% des arrivées de migrants irréguliers sur les îles Canaries a été enregistrée depuis le début de l’année.
En novembre 2024, 7 338 arrivées ont été comptabilisées contre 445 en mai 2025. Le délégué du gouvernement aux Canaries, a souligné que le nombre d’arrivées est passé d’environ 19 100 personnes au premier semestre 2024 à 11 300 personnes pour la même période en 2025. Cette diminution notable est le résultat du renforcement des contrôles policiers au Sénégal et en Mauritanie, ainsi que des accords de coopération bilatérale récents entre les autorités de ces pays et celles espagnoles pour endiguer les flux migratoires.
Ces derniers mois, avec l’appui de la Garde civile et de la police nationale espagnole, des opérations de démantèlement de réseaux de traite d’êtres humains se sont multipliées dans ces pays d’Afrique de l’Ouest.
En avril 2024, la gendarmerie mauritanienne a notamment démantelé un vaste réseau, arrêtant 117 personnes et saisissant d’importantes quantités de matériel.