Alors que les frappes croisées entre l’Iran et Israël auraient pu faire flamber les prix du pétrole, les marchés ont pourtant affiché une étonnante stabilité. Même si certains analystes financiers prédisent un nouveau « choc pétrolier » à moyen terme, les faits en l’état tendent à contredire ce scénario.

Ainsi et selon des experts interrogés par CNN Economics, plusieurs facteurs fondamentaux — tels que l’abondance des réserves mondiales, l’absence de dégâts majeurs sur les infrastructures pétrolières et la faiblesse persistante de la demande — ont empêché une envolée des prix du baril. Une situation qui témoigne d’un nouvel équilibre du marché, moins sensible aux secousses géopolitiques que par le passé.

Une stabilité soutenue par des fondamentaux solides                                                 Pour Choeib Boutamine, PDG de RanaDrill Energy, cette accalmie apparente résulte d’un double appui : une offre abondante et la capacité de l’OPEP+ à intervenir en cas de perturbations. Selon lui, « les prix du Brent sont déjà passés de 68 à 74 dollars en quelques jours en raison des tensions, soit une hausse d’environ 7 %, mais la crainte d’atteindre 100 dollars est exagérée, car l’approvisionnement par le détroit d’Ormuz n’a pas été affecté ».

M. Boutamine souligne que les réserves stratégiques et les marges de production inutilisées permettent de contenir toute flambée spéculative. Il précise également que « l’OPEP dispose d’une capacité de production considérable, mais elle n’inonde pas le marché, surtout si une solution politique est envisageable prochainement ».

Des frappes ciblées mais économiquement limitées                                                 De son côté, Khaled Al-Awadhi, consultant chez Hawk Energy, met en avant la nature géopolitique plutôt qu’économique des frappes militaires : « l’impact de la récente frappe israélienne a principalement visé les têtes humaines des dirigeants militaires iraniens », soulignant ainsi l’absence de cibles stratégiques pétrolières.  Alors qu’aucune infrastructure majeure n’a été touchée ni en Iran ni en Israël, réduisant les risques de perturbation réelle de l’approvisionnement.

Un approvisionnement préservé et un trafic maritime intact                                   En dépit des affrontements, le détroit d’Ormuz reste sécurisé, et les exportations pétrolières continuent sans entrave. L’Iran n’a pris aucune mesure visant à perturber le flux maritime, et ses partenaires comme la Chine se tournent déjà vers d’autres fournisseurs. « Il s’agit d’une guerre préventive aux motivations politiques et géopolitiques, et non d’une bataille pétrolière », insiste Al-Awadhi.

Une demande mondiale en berne                                                                             Au-delà de la crise régionale, les tendances mondiales pèsent davantage : hausse des stocks, demande affaiblie, ralentissement économique. D’après l’AIEA, les réserves mondiales devraient continuer d’augmenter en 2025, avec un excédent quotidien estimé à 800 000 barils. Ainsi, malgré la guerre, les marchés restent rationnels. Les prix du Brent, après une brève remontée à 74 dollars, sont descendus à environ 71 dollars. L’équilibre fragile entre tensions militaires et surabondance de l’offre empêche jusqu’à présent toute flambée durable des prix.

Une guerre géopolitique, plus qu’énergétique                                                       Pour les experts, seuls des impacts directs sur les installations pétrolières ou le détroit d’Ormuz pourraient bouleverser l’équilibre actuel. « Si les installations ou le détroit sont ciblés, la capacité maximale de l’OPEP sera rapidement épuisée et les prix pourraient connaître une forte hausse. Cependant, cela est peu probable », rassure Choeib Boutamine.

La prudence des acteurs du marché, conjuguée à une offre excédentaire et à des infrastructures intactes, explique ainsi pourquoi, malgré les flammes de la guerre, les prix du pétrole sont restés étonnamment calmes.

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