Pour faire barrage à la hausse des traversées de la mer du Nord, la France envisage de changer de stratégie en menant des surveillances maritimes pour effectuer des interceptions en mer.

Des opérations impossibles auparavant car le droit maritime interdit à la police française d’agir en mer, sauf pour mener des opérations de secours.

Pour lutter contre l’immigration clandestine au départ des côtes françaises vers le Royaume-Uni, la France va présenter un plan pour intercepter les migrants en mer, notamment sur Cherbourg, Dunkerque, Dieppe ou encore Le Havre de grâce. Elle veut ainsi contrer le phénomène des Taxis-boats, une technique consistant à mettre le bateau à l’eau en amont de l’embarquement pour éviter les interceptions terrestres par la police. Cette manœuvre des passeurs rend l’interception des traversées difficiles pour les forces de l’ordre car le droit de la mer interdit à la police française d’intervenir en mer, sauf pour mener des opérations de secours. Ces  zodiacs plus grands et surchargés selon des techniques de traversée de la Manche qui se multiplient.

« Malgré l’action menée sans relâche sur le territoire français pour réduire le nombre de traversées transmanche, force est de constater l’augmentation de 42 % du nombre d’individus arrivés au Royaume-Uni par rapport à 2024 », a déclaré une source à la place Bouveau quelques jours après le débarquement de l’autre côté de 1 195 migrants à bord de 19 embarcations. Il s’agit d’un record d’arrivées en une seule journée jamais atteint depuis 2022. « Nous sommes conscients du fort enjeu que représentent les interventions en mer et d’une nécessaire adaptation de notre doctrine d’action », a déclaré cette même source.

Ainsi, la France va « faire évoluer » le dispositif actuel « afin de pouvoir agir dans les eaux peu profondes, jusqu’à 300 mètres des côtes, et ainsi intercepter les Taxi-boat’, tout en respectant les principes de la convention des Nations unies sur le droit de la mer ».

Le Comité interministériel de contrôle de l’immigration (CiCI) a donc mandaté le secrétariat général de la mer (SGMer), qui coordonne l’action de l’État en mer, pour formuler une proposition visant à faire évoluer la doctrine. Cette pratique est interdite par le droit de la mer parce qu’elle peut être dangereuse. Interrogé par InfoMigrants en décembre 2023, le procureur de la République de Saint-Omer avait émis des réserves au sujet des interceptions maritimes.

« Le préfet a donné des consignes extrêmement claires aux forces de l’ordre sur le fait de ne jamais mettre en péril la vie des migrants », avait-il dit.

En 2021, Priti Patel, alors ministre de l’Intérieur britannique, avait déjà évoqué la mise en place d’opérations en mer. Mais ce projet avait été rapidement abandonné suite au refus de la France de mener des pratiques contraires au droit de la mer. À l’époque, le projet avait aussi été décrié par les ONG, estimant que cela pousserait les migrants à emprunter des voies encore plus dangereuses.

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