L’élection présidentielle en Corée du Sud, à un tour, a plébiscité le candidat de centre gauche Lee Jae-myung qui est arrivé très largement en tête, selon un sondage sorti des urnes publié par les chaînes de télévision ce mardi 3 juin 2025 à la clôture du scrutin.
D’après ce sondage réalisé conjointement par les trois principales chaînes sud-coréennes (KBS, MBC et SBS), M. Lee obtient 51,7% des voix, contre 39,3% pour son rival conservateur Kim Moon-soo. Ce qui laisse entendre qu’une page politique est-elle en train de se tourner ?
Les Sud-Coréens se sont déplacés massivement dans les bureaux de vote pour désigner leur nouveau chef d’État et mettre fin à six mois de chaos politique causé par la tentative ratée du précédent chef de l’État, Yoon Suk Yeol, d’imposer la loi martiale.
Le taux de participation s’établissait à 77,8% une heure environ avant la fin du vote. S’agissant d’un vote anticipé destiné à combler le vide à la tête de l’État, le vainqueur sera investi dès que la Commission électorale nationale aura certifié les résultats, probablement tôt mercredi matin. Une sobre cérémonie de prise de fonctions aura lieu en milieu de journée au Parlement.
Les Sud-Coréens espèrent que ce scrutin leur permettra de tourner la page après six mois de chaos politique marqué par des manifestations massives, des rebondissements judiciaires et une succession inédite de présidents intérimaires.
Droite anéantie L’épisode de la loi martiale, qui a effaré les électeurs modérés et fracturé la droite, a fortement pesé sur le scrutin. Pour Kang Joo-hyun, professeure de sciences politiques à l’université féminine Sookmyung, cette élection est «largement perçue comme un référendum sur l’administration précédente, avec Lee Jae-myung bénéficiant du soutien le plus fort parmi les électeurs centristes». «Ce qui est particulièrement frappant, c’est que la crise liée à la loi martiale et à la destitution a non seulement influencé les modérés, mais a aussi fracturé la base conservatrice», dit-elle à l’AFP.
Lee Jae-myung, un ancien ouvrier de 61 ans, s’était distingué le soir de la loi martiale en diffusant en direct sa course effrénée vers le Parlement cerné par l’armée, où il avait réussi à se faufiler avec près de 200 autres députés pour voter une motion mettant en échec le coup de force de M. Yoon. Après avoir frôlé la mort l’an dernier lors d’une tentative d’assassinat, il a fait campagne en gilet pare-balles et prononcé ses discours derrière des vitres blindées.
Son adversaire Kim Moon-soo, un ex-dirigeant syndical de 73 ans ayant changé de camp, a au contraire refusé de s’excuser pour son parti au lendemain de la débâcle.
Le futur président du pays de 52 millions d’habitants devra faire face à une crise économique qui s’aggrave, l’un des taux de natalité parmi les plus bas au monde et à la hausse du coût de la vie. Il devra également répondre à la menace de son imprévisible voisin nord-coréen, et se positionner dans l’affrontement entre les États-Unis, garant traditionnel de la sécurité du pays, et la Chine, son principal partenaire commercial.