Selon le préfet des Pyrénées-Atlantiques, le département situé à la frontière franco-espagnole, a été, au début de l’année 2025, « la première porte d’entrée en France pour l’immigration irrégulière ».

Un flux migratoire que le gouvernement veut limiter. Fin mars, il a déployé pour la première fois la « force frontière » et a promis de nouvelles opérations policières. Mais pour autant, les migrants, dont un nombre record ont atteint les Canaries en 2024, continuent de traverser cette frontière poreuse.

Il est 23 heures lorsque six hommes descendent du bus à Irun, au Pays basque espagnol. Tous originaires du Mali et du Sénégal, ils sont partis de Madrid pour rejoindre la ville frontalière. Parmi eux, Amadou, un jeune malien de 18 ans. Écouteurs pendus aux oreilles, il referme soigneusement son manteau rouge, le même que portent les autres migrants, donné par la Croix-Rouge lors de son arrivée aux Canaries.

Sur la place de la gare d’Irun, la même scène se répète presque tous les soirs. Ce mercredi, plus d’une dizaine d’exilés sont arrivés par les bus venant de Galice ou Madrid. Et quotidiennement, des bénévoles sont présents pour les accueillir et les accompagner à la Croix-Rouge où ils pourront passer la nuit. « C’est un refuge pour trois jours maximum, après vous devez laisser votre place », leur explique Oihana, une bénévole de l’association basque Irungo Harrera Sarea. Pas d’inquiétude pour les jeunes hommes car aucun ne compte rester aussi longtemps ici. « Je vais partir le plus vite possible dès demain », assure Amadou qui compte rejoindre son frère à Lyon. Comme des milliers de migrants chaque année, leur objectif est de franchir la frontière avec la France, à quelques kilomètres de là.

« On est arrivé en Europe, mais c’est loin d’être terminé »                                     Selon le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Jean-Marie Girier, le département a été, au début de l’année 2025, « la première porte d’entrée en France pour l’immigration irrégulière ».

5 264 migrants ont été interceptés dans les Pyrénées-Atlantiques entre le 1er janvier et le 31 août 2024. Six cent quatre-vingt-douze harrag ont été recensés pour le seul mois de janvier 2025. « Cinq fois plus que l’année précédente à la même date », ajoute le préfet concernant ce chiffre pourtant en baisse par rapport aux années 2022 et 2023.

Depuis le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures de la France, les contrôles sont monnaie courante. Et une peur pour les exilés. Devant la mairie d’Irun, Elhadji, un Sénégalais de 22 ans arrivé à Las Palmas par bateau il y a quelques semaines, s’apprête à passer la frontière. Inquiet, il écoute les conseils donnés par l’association qui tient un stand d’informations tous les matins : « Ça me fait peur un peu. On est arrivé en Europe, mais c’est loin d’être terminé », réalise-t-il en pensant aux quelques mètres qui séparent les deux pays. « Si la police vous arrête, surtout, ne fuyez pas », leur explique Inaki, un bénévole, « ils vous ramèneront en Espagne mais ne vous feront pas de mal ».

Dès 2023, plusieurs organisations comme Amnesty ou la Cimade dénoncent des « violations des droits » à la frontière et accusent la France de contrôles « discriminatoires », « retours expéditifs » et refoulements illégaux.

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