Depuis des siècles, l’humanité rêve de défier la gravité. Des fusées à propulsion chimique aux concepts futuristes de moteurs ioniques, chaque avancée nous rapproche un peu plus des étoiles. Mais un ingénieur américain, Charles Buhler, affirme aujourd’hui avoir fait une découverte qui pourrait tout changer : un moteur capable de produire une poussée sans propulseur. Une affirmation qui, si elle était avérée, bouleverserait notre compréhension des lois de la physique.
Pour comprendre l’ampleur de cette déclaration, il faut savoir qu’en physique, la propulsion repose sur un principe fondamental : la conservation de la quantité de mouvement. Une fusée, par exemple, se déplace en expulsant des gaz à grande vitesse dans une direction, ce qui la pousse dans la direction opposée, selon la troisième loi de Newton (action-réaction).
Charles Buhler, ancien scientifique de la NASA et aujourd’hui cofondateur d’Exodus Propulsion Technologies, affirme ici que son moteur ne nécessite pas de propulseur. D’après lui, ce moteur utilise une force encore inconnue, basée sur des champs électrostatiques, pour générer une poussée et permettre de déplacer un objet sans expulser de masse.
Buhler précise que cette nouvelle approche repose sur une découverte fondamentale concernant l’interaction des champs électrostatiques. Selon lui, des systèmes présentant une asymétrie de pression électrostatique ou un champ électrostatique divergent peuvent exercer une force sur un objet, même si son centre de masse semble stable. Autrement dit, en respectant certaines conditions précises, il est possible de générer une force non nulle sur un objet sans avoir besoin d’expulser de la matière, ce qui pourrait révolutionner la manière dont nous concevons la propulsion.
Si cela s’avère exact, ce serait une révolution technologique sans précédent. Un moteur capable de fonctionner sans carburant ouvrirait en effet la voie à des vaisseaux spatiaux plus légers, moins coûteux et capables de voyager sur de longues distances sans avoir besoin de réapprovisionnement en carburant.
Des précédents peu convaincants L’idée d’un moteur sans propulseur n’est pas nouvelle, et elle a déjà suscité beaucoup d’enthousiasme… avant d’être démentie par des tests scientifiques rigoureux.
En 2001, l’ingénieur britannique Roger Shawyer avait présenté l’EmDrive, un moteur censé produire une poussée grâce à des micro-ondes rebondissant dans une cavité fermée. Si certains tests semblaient indiquer une poussée, des études plus poussées ont finalement conclu que ces résultats étaient dus à des erreurs expérimentales. En 2021, l’EmDrive a officiellement été rejeté par la communauté scientifique.
Aujourd’hui, le moteur de Buhler suit un chemin similaire : il repose sur une théorie séduisante, mais qui remet en question des principes physiques établis. Contrairement à Shawyer, Buhler ne parle pas de micro-ondes, mais d’un phénomène électrostatique. Il affirme que son équipe, composée d’anciens membres de la NASA, de Blue Origin et de l’US Air Force, a travaillé pendant des années sur cette technologie. Après plusieurs prototypes n’ayant généré qu’une poussée infime, une percée aurait eu lieu en 2023, permettant enfin de vaincre la gravité terrestre.
Une découverte qui demande des preuves Les affirmations de Buhler sont fascinantes, mais elles demandent à être vérifiées par des expériences indépendantes. Pour l’instant, la seule validation de ce moteur provient de l’Alternative Propulsion Energy Conference (APEC), un groupe d’ingénieurs et de passionnés explorant des idées en dehors des cadres scientifiques traditionnels.
L’histoire a également montré que des résultats prometteurs en laboratoire peuvent souvent être dus à des erreurs de mesure ou à des biais expérimentaux. Il est donc essentiel que d’autres chercheurs reproduisent les expériences de Buhler avant de crier à la révolution.
Certains experts se montrent donc sceptiques. La physique moderne est bâtie sur des lois qui ont été confirmées à maintes reprises, et toute découverte prétendant les contredire doit être soumise à un examen rigoureux. Si le moteur de Buhler fonctionnait réellement, cela impliquerait l’existence d’une force jusqu’ici inconnue, ce qui bouleverserait la physique telle que nous la connaissons.
Un futur encore incertain Alors, assiste-t-on à une avancée scientifique majeure ou à une nouvelle désillusion ? Pour l’instant, il est trop tôt pour le dire. Buhler et son équipe doivent encore prouver que leur moteur fonctionne réellement, et qu’il ne s’agit pas d’un artefact expérimental ou d’un simple effet parasite.
Si cette technologie s’avérait viable, elle pourrait ouvrir une nouvelle ère pour l’exploration spatiale, rendant les voyages interplanétaires plus accessibles et moins coûteux. Mais si, comme l’EmDrive, elle échoue à passer l’épreuve des tests scientifiques rigoureux, elle rejoindra la longue liste des idées séduisantes qui se sont heurtées aux lois immuables de la nature.
En attendant, la communauté scientifique observe avec curiosité, mais aussi avec prudence. Après tout, en science, les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires. Et pour l’instant, ces preuves restent à fournir.