Cent vingt-deux journalistes et professionnels des médias, dont 14 femmes, ont été tués en 2024, selon la liste annuelle des personnes tuées publiée par la Fédération internationale des journalistes (FIJ) le 31 décembre. La FIJ déplore que 2024 soit l’une des années les plus meurtrières pour les journalistes et réitère sa détermination à voir une Convention internationale pour la protection des journalistes adoptée par les Nations Unies de toute urgence.
Lors de la Journée internationale des droits de l’Homme du 10 décembre, la FIJ a publié une première liste de journalistes tués, qui faisait état de 104 assassinats. Elle indique que la dernière augmentation est principalement due à de nouveaux décès au Moyen-Orient et dans le monde arabe : neuf journalistes supplémentaires ont été tués en Palestine et deux en Syrie.
MOYEN-ORIENT ET MONDE ARABE : 77. La guerre à Gaza et au Liban met une fois de plus en lumière le massacre subi par les professionnels des médias palestiniens (64), libanais (6) et syriens (1), qui représentent 58% de tous les journalistes tués en 2024. Depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, le nombre de journalistes palestiniens tués s’élève à au moins 147, faisant de la Palestine occupée, l’un des pays les plus dangereux de l’histoire du journalisme moderne.
Ailleurs dans la région, la FIJ dénombre cette année trois professionnels des médias assassinés en Irak, dont deux femmes le 23 août, un photographe tué en Syrie le 4 décembre et deux journalistes kurdes tués dans le nord de la Syrie le 19 décembre.
ASIE-PACIFIQUE : 22 En Asie-Pacifique, la FIJ déplore 7 meurtres au Pakistan, 5 au Bangladesh, 3 en Inde, un au Cambodge et un aux Philippines. Par ailleurs, le régime militaire du Myanmar poursuit sa chasse aux journalistes – 3 journalistes ont été assassinés cette année – tandis que l’Indonésie et le Kazakhstan déplorent chacun un mort.
AFRIQUE : 10 Dix journalistes ont été tués en Afrique en 2024 – 4 en 2022 et 9 en 2023. Le Soudan est le pays qui a payé le plus lourd tribut avec 6 morts, conséquence d’une guerre civile particulièrement meurtrière. Par ailleurs, deux journalistes somaliens, un journaliste tchadien et un journaliste de la République Démocratique du Congo ont également été tués cette année.
AMÉRIQUES : 9 En 2024, la FIJ dénombre neuf décès dans les Amériques – contre 30 en 2022 et 6 en 2023 – dont cinq Mexicains, deux Colombiens et deux Haïtiens. Une fois de plus, les menaces, intimidations, enlèvements et meurtres sont notamment dus à des reportages sur le trafic de drogue, qui sévit au Mexique depuis plus de deux décennies.
EUROPE : 4 La guerre en Ukraine a encore fait des victimes sur le continent, avec 4 journalistes tués en 2024, contre 13 en 2022 et 4 en 2023. Malgré ce conflit, l’Europe reste le continent le plus sûr au monde pour la profession.
JOURNALISTES EN PRISON : 516 Au 31 décembre 2024, la FIJ recense 516 journalistes en prison, ce qui représente une forte augmentation par rapport aux années 2023 (427) et 2022 (375). Avec 135 journalistes derrière les barreaux, la Chine – dont Hong Kong – demeure la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias, devant Israël (59 journalistes palestiniens) et le Myanmar (44). La région Asie-Pacifique compte, à elle seule, 254 journalistes en prison, devant l’Europe élargie (142), le Moyen Orient et le Monde arabe (102), l’Afrique (17) et l’Amérique latine (1).
Anthony Bellanger, secrétaire général de la FIJ : « Nos pensées vont aux familles et aux consoeurs et confrères des 122 professionnels des médias tués cette année. Derrière ce chiffre élevé se cachent 122 familles endeuillées. Pour garantir que les assassinats de journalistes ne restent pas impunis et pour mettre un terme à ce fléau une fois pour toute, nous demandons urgemment aux États membres de l’ONU de prendre des mesures pour garantir l’adoption d’une convention contraignante pour la sécurité des journalistes, afin de mettre un terme aux assassinats et aux blessures qui surviennent chaque année. »
Encore un triste bilan au sein de cette profession qui doit être mieux protégée