Dans les vastes étendues de l’océan Pacifique Sud, une énigme évolue dans le silence des profondeurs : la baleine à bec de Travers, un cétacé si rare que seuls quelques spécimens ont été identifiés à ce jour, principalement à partir de fragments d’os échoués. Lorsqu’un mâle de 5 mètres a été malheureusement découvert sur une plage néo-zélandaise, il a offert aux scientifiques une opportunité unique d’étudier de près cette espèce insaisissable. Ce spécimen exceptionnel, préservé presque intact, pourrait enfin lever le voile sur une créature dont l’existence même semblait appartenir au domaine du mystère.
La baleine à bec de Travers, une espèce rare et méconnue La baleine à bec de Travers (Mesoplodon traversii) est considérée comme l’une des espèces les plus rares au monde. Seuls sept spécimens ont été identifiés à ce jour, et aucun n’a été observé vivant dans son habitat naturel. Découverte sur une plage néo-zélandaise en juillet dernier, cette baleine mâle de 5 mètres de long est le premier individu à être étudié de manière approfondie.
Cette espèce a été identifiée en 2002 grâce à des analyses ADN. Les chercheurs ont utilisé des fragments de squelettes trouvés en Nouvelle-Zélande et au Chili. En 2010, deux spécimens morts se sont échoués sur une plage néo-zélandaise. Leur découverte a confirmé que la baleine à bec de Travers existait toujours. Jusqu’à ce moment, cette présence dans les océans restait incertaine. L’étude de ces individus a été cruciale pour mieux comprendre l’espèce.
De nombreux aspects de sa vie restent encore mystérieux. On ignore où elle vit précisément ou comment elle se nourrit. Ses comportements et sons restent aussi méconnus. Ces lacunes s’expliquent par la difficulté de la localiser. Ces cétacés vivent dans les vastes profondeurs du Pacifique Sud, difficiles à explorer.
Une étude scientifique et culturelle inédite L’étude du spécimen découvert en Nouvelle-Zélande est conduite par une équipe internationale de chercheurs et en collaboration avec les Māori, le peuple autochtone néo-zélandais. La dissection, qui se déroule à proximité de Dunedin, est menée avec un grand respect des traditions culturelles. Pour les Māori, les baleines sont considérées comme des taonga, des trésors sacrés offerts par Tangaroa, dieu de la mer.
Les membres de l’iwi Te Rūnanga Ōtākou participent activement au processus, rapporte APNews. Une prière traditionnelle, appelée karakia, a été récitée avant le début de la dissection. À la fin de l’étude, la mâchoire et les dents du spécimen seront remises à la communauté Māori, tandis que son squelette sera exposé dans un musée après numérisation et impression 3D.
L’état exceptionnel du spécimen, bien préservé malgré son échouage, permet une analyse méthodique. Les chercheurs espèrent obtenir des informations sur son régime alimentaire en examinant son système digestif, ainsi que sur sa communication acoustique, essentielle à la survie des cétacés dans les profondeurs.
Des découvertes qui pourraient enrichir les connaissances océaniques Le lieu de cette découverte est également très important. La Nouvelle-Zélande est connue pour les échouages fréquents de cétacés. Ce pays a enregistré plus de 5 000 cas de ce type depuis 1840. Ce phénomène, bien documenté, s’ajoute à la rareté des baleines à bec de Travers. Chaque spécimen découvert offre donc une opportunité unique pour la recherche scientifique.
Selon Anton van Helden, expert en cétacés et découvreur de l’espèce, cette trouvaille est unique. Elle offre une opportunité exceptionnelle d’étudier une baleine rare sous plusieurs angles. Les chercheurs espèrent analyser son corps pour mieux comprendre ses interactions avec l’environnement. Ils pourraient aussi identifier de nouveaux parasites grâce à cette analyse détaillée.
Des morsures, probablement dues à des requins parasites, ont été observées sur le spécimen. Bien qu’habituel, cela n’explique pas sa mort. Les chercheurs s’interrogent toujours sur les raisons exactes de son décès.
L’objectif principal reste de dévoiler les secrets de cette espèce. Comment survit-elle dans les eaux immenses et profondes du Pacifique Sud ? Ce mystère fascine aussi bien les scientifiques que les Māori. Pour eux, ce spécimen est à la fois un trésor et une clé pour comprendre la biodiversité marine.