Un journaliste palestinien, dont le travail a été relayé par le  journal « Morgen », met en lumière l’implication d’un Ucclois (issu de la commune belge de Uccle) au sein d’une unité de tireurs d’élite qu’il accuse, sur base d’une enquête longue de six mois, d’agir comme un « escadron de la mort », a rapporté jeudi  le journal belge « Le Soir » .

Le parquet fédéral ouvre une information judiciaire portant sur de potentiels « crimes de guerre», a ajouté la même source.

Sollicité par Le Soir, le parquet fédéral a déclaré « qu’après un premier examen des éléments en sa possession », il a « décidé d’ouvrir un dossier d’information judiciaire » au sujet des agissements d’un ressortissant belge à Ghaza et de potentiels « crimes de guerre ». L’Association Belgo-Palestinienne a déposé une plainte. Et ce dans la foulée directe de révélations médiatiques survenues début octobre.

La semaine dernière, le Morgen mettait en effet en lumière l’implication d’A.B., un Belgo-Israélien âgé d’une vingtaine d’années et originaire d’Uccle, dans une unité de l’armée israélienne composée de tireurs d’élite, très active dans la bande de Ghaza depuis l’embrasement du conflit.

L’article du Morgen s’appuie notamment sur des révélations du journaliste palestinien Younis Tirawi, spécialisé dans l’investigation en sources ouvertes et collaborateur de la plateforme de journalisme d’investigation Bellingcat. Dans une vidéo de 38 minutes que ce dernier a rendue publique début octobre, le journaliste traque les agissements de cette unité de snipers qui se fait appeler « Refaim », autrement dit « fantôme », en hébreu. Le journaliste attribue notamment à celle-ci plusieurs tirs mortels visant des individus non-armés, qui ont été filmés et diffusés sur internet par des soldats israéliens.

A.B., dont l’identité est diffusée dans ce reportage, est visible sur plusieurs photos des membres de cette unité, bien que ses agissements personnels ne fassent pas l’objet d’un traitement approfondi dans la vidéo de Younis Tirawi. S’il n’apparaît pas en train de tirer dans cette vidéo, le Morgen est toutefois parvenu à retrouver une photo de ce dernier en train de manipuler un fusil à lunette, en tenue militaire.

Un « escadron de la mort »                                                                           Dans le contexte de son investigation, Younis Tirawi est également parvenu à interviewer directement un membre de cette unité, originaire des Etats-Unis. Ce dernier, dévoilant une perception radicale au sujet des Palestiniens – en comparant par exemple Ghaza à Sodome, ville qui selon l’Ancien Testament est victime de la colère divine et finit détruite dans les flammes –, s’avère aussi très loquace sur les instructions données aux snipers.

En l’occurrence, il est question de tirer à vue sur tout homme « en âge de porter une arme » circulant dans des périmètres déterminés. Il évoque également le fait que toute personne fouillant ou tentant d’évacuer le corps d’une personne ciblée peut également être prise pour cible. Il précise aussi que les tireurs peuvent parfois faire feu à plus de 1.200 mètres de leur cible. Le journaliste palestinien en conclut que cette unité se comporte comme un « escadron de la mort » et s’interroge sur la responsabilité de celle-ci dans des tirs qui ont ciblé plusieurs civils – dont des soignants actifs dans le même secteur au début de cette année.

Le ministre Van Tigchelt confirme                                                           Interrogé ce jeudi à la Chambre par la députée Ecolo Rajae Maouane, le ministre de la Justice Paul van Tigchelt (Open VLD) a confirmé l’ouverture d’une enquête par le parquet fédéral. En tenant à bien rappeler que la personne visée par cette enquête, porteuse de la double nationalité, ne résidait plus en Belgique depuis 2022. Le parquet fédéral assure qu’il s’agit du seul dossier ouvert sur les agissements d’un Belge dans les Territoires palestiniens occupés.

« Israël a le droit de l’autodéfense, mais cela ne la dispense en rien de l’obligation de respecter le droit humanitaire international, » a-t-il déclaré dans l’hémicycle, avant de rappeler que cela n’empêchait par ailleurs pas la Belgique de jouer son rôle en matière de recherche d’infractions et de crimes. « S’il y a des preuves de crimes de guerre commis par cette personne, elle pourra être poursuivie en Belgique via le parquet fédéral, ou devant la Cour pénale internationale, à la Haye. »

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