L’évolution de la position française sur la question du Sahara occidental a fait réagir immédiatement Alger qui a décidé, mardi, le rappel immédiat de son ambassadeur à Paris, suite à la décision de la France de soutenir le plan d’autonomie du Maroc sur le Sahara Occidental comme mentionné par Emmanuel Macron dans une lettre adressée au roi du Maroc, Mohammed VI, rendue publique mardi 30 juillet.
Cette décision impromptue a fait réagir la classe politique immédiatement en Algérie.
Pour le parti du Front de libération nationale (FLN) cela étant « une décision franche tout en soutenant ardemment cette décision des hautes autorités de l’Etat algérien vis-à-vis du revirement dangereux dans la politique française », comme l’a précisé le parti dans un communiqué rendu public.
Le Front des forces socialistes (FFS), lui, la considère comme une démarche « irréfléchie et reste un soutien au néo-colonialisme avec le Maroc comme cheval de bataille dans la région et la décision de l’Algérie n’est que réciproque et logique », ajoutera le parti.
Abdellali Hassani Cherif président du Mouvement pour la société de paix (MSP) pense que « avec cette décision la France veut créer un climat d’instabilité dans la région, et elle en porte l’entière responsabilité ».
Avec cette décision la France ne fait que « s’allier contre le droit du peuple du Sahara Occidental » à l’autodétermination. «Avec cette décision, la France veut compenser sa perte dans son positionnement dans les pays du Sahel africain », commentera Abdelkader Bengrina, président du mouvement El Bina, avant d’ajouter que la France va à l’encontre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU dans lequel elle est membre permanent, tout en rappelant la position de l’Algérie qui est pour la libération des peuples et l’abolition du colonialisme.
Alors que la présidente du parti Tajamoue Amal El Djazair (TAJ), Fatima Zohra Zerouati, considère que la décision de l’Algérie « est logique et ordinaire » et elle « est venue au moment opportun pour répondre à la décision française…la France a officialisé ce qui ne l’est jamais et elle est sortie des usages des Nations unies …la France n’a fait que démontrer ses desseins et ses mauvaises intentions vis-à-vis de la région du Maghreb ».
Notons qu’auparavant Brahim Ghali le chef du mouvement indépendantiste sahraoui du Front Polisario a montré son mécontentement dans un communiqué publié par l’agence sahraouie SPS, estimant qu’« en déclarant officiellement le plan d’autonomie marocain comme seule option valable, c’est l’occupation violente et illégale du Sahara occidental que la France soutient ».
« La décision de la France est condamnable » selon la FIJ
La Fédération internationale des journalistes se déclare solidaire avec le peuple sahraoui et condamne avec la plus grande vigueur la décision de la France d’apporter son soutien au prétendu plan d’autonomie défendu par le Maroc pour le Sahara occidental », a écrit la FIJ dans un communiqué. La Fédération souligne, à ce propos, que la décision de la France « est doublement condamnable » dans la mesure où « elle émane d’un pays membre du Conseil de sécurité qui viole ainsi la légalité internationale et cautionne un fait accompli colonial, celui du Maroc sur le territoire du Sahara occidental, pourtant déclaré par les Nations unies territoire non autonome ».
Rappelons que suite à ce revirement dans la politique française concernant ce dossier, le gouvernement algérien a annoncé mardi le retrait immédiat de son ambassadeur en France. Cette décision fait suite à la reconnaissance par la France du plan d’autonomie marocain comme « seule base » de résolution du conflit du Sahara Occidental. Et selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien, cette reconnaissance constitue une « bafouement de la légalité internationale » et une « abdication des responsabilités » de la France en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies.