Les rivalités parmi les indépendantistes catalans bloquent les négociations sur la loi de finance, au moment où a été approuvée la loi d’amnistie.
Pas de budget 2024 pour Pedro Sanchez ! Le Premier ministre socialiste espagnol a jeté l’éponge et se contentera de reconduire durant un an le cadre budgétaire de 2023, en attendant de pouvoir trouver les appuis suffisants pour lancer une prochaine loi de finances, pour 2025.
« Nous allons profiter du travail technique et des accords déjà conclus avec les autres formations politiques pour avancer sur le projet de budget 2025 », a commenté la ministre du Budget.
Ce report inattendu est un signe éloquent de la fragilité parlementaire de la coalition formée par les socialistes du PSOE et Sumar à leur gauche. Depuis des mois, toutes les initiatives du gouvernement se heurtent à la combinaison compliquée des alliances. Avec la question catalane au centre de toutes les équations. Cette fois plus que jamais.
Très polémique loi d’amnistie
Le Parlement espagnol vient en effet d’approuver, ce jeudi, la très polémique loi d’amnistie des indépendantistes catalans, qui avait été rejetée le 30 janvier dernier. Il n’y a pas eu de retournement de dernière minute cette fois. Le texte, qui prévoit d’effacer l’ardoise judiciaire pour toutes les personnes impliquées dans le processus de tentative de sécession de 2017, va donc maintenant pouvoir poursuivre son chemin parlementaire vers le Sénat.
« Ce n’est pas une réconciliation, c’est une soumission », a affirmé le chef de file du Parti populaire, Alberto Nuñez Feijoo , fermement opposé au texte, alors que le porte-parole socialiste, Patxi Lopez, saluait « la fin d’un cycle ».
A Madrid, les députés indépendantistes catalans, de droite et de gauche, se sont embrassés et congratulés, dans un élan d’union inhabituel à la sortie de la séance parlementaire, pour célébrer cette amnistie qu’ils réclament depuis six ans. « C’est un jour important pour la démocratie », affirmait le leader catalan Oriol Junqueras qui a passé trois ans et demi en prison.
Mais pendant ce temps, à Barcelone, les hostilités et les ruptures se multiplient au sein du camp séparatiste. La convocation d’élections régionales anticipées, prévue pour le 12 mai prochain, est en train de raviver les animosités, entre militants d’ERC, à gauche, et de Junts, à droite, sans compter leur nouvel adversaire, Alhora, une formation plus séparatiste encore, qui les accuse d’avoir trahi la patrie catalane en négociant l’amnistie avec Madrid.
Rivalités parmi les indépendantistes
La campagne promet de virer aux règlements de comptes et querelles de clans. Ce climat d’affrontements permanents et les rivalités parmi les indépendantistes, ont poussé le gouvernement espagnol à renoncer à chercher à rapprocher les positions pour faire voter le budget. Les finances publiques peuvent bien attendre, tous les yeux vont être fixés maintenant sur Carles Puigdemont .
La question est de savoir si l’ex-président catalan, actuellement installé à Bruxelles pourra bénéficier à temps de l’amnistie pour revenir assister au débat d’investiture du prochain président de la région catalane. Une fonction pour laquelle il pourrait lui-même faire campagne. Tout n’est encore que conjecture, mais la polémique est déjà là. Les Échos.fr
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