La mort de Nahel, 17 ans, lors d’un contrôle de police, a mis le feu à Nanterre et à de nombreuses autres communes, en proie aux émeutes.
Entre indignation et émotion, les appels au calme de responsables politiques seront-ils entendus ? Les banlieues de l’Ouest parisien s’embrasent.
Dans la nuit du 27 au 28 juin, des émeutes et des affrontements avec la police ont éclaté à Nanterre (92) et dans d’autres communes, principalement de la région parisienne. Mobilier urbain et voitures brûlées, jets de pierres et nombreux tirs de mortiers d’artifice contre les forces de l’ordre, charges de police et gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les assaillants, pompiers et journalistes agressés, la ville de Nanterre a connu un niveau de violence auquel elle n’était pas accoutumée.
Les violences ont débuté dans le quartier du Vieux Pont et le long du boulevard National, avant de s’étendre à la cité Pablo Picasso dans laquelle vivait une partie de la famille de Nahel, victime d’un tir mortel de la police après un refus d’obtempérer, plus tôt dans la journée.
Durant la nuit, les émeutes se sont propagées dans tout Nanterre, «du Nord au Sud et d’Est en Ouest», selon un policier présent sur place, interrogé par Le Figaro. Plusieurs bâtiments ont été incendiés durant les affrontements, notamment le centre de musique Daniel-Féry, le centre de loisir des Gavroches et l’école élémentaire Picasso, selon les constatations des forces de l’ordre.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé ce 28 juin «l’arrestation de 31 personnes quasiment toutes dans le périmètre de la préfecture de police» de Nanterre. Il a dénoncé les «violences urbaines» et précisé que «24 policiers et gendarmes» avaient été blessés.
Les personnes arrêtées ont reçu dans la nuit la visite de plusieurs députés de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale, gauche), dont Louis Boyard et Antoine Léaument, venus s’assurer de leurs conditions de détention. Bâtiments en feu et affrontements avec la police.
Le spectre de la contagion hante les forces de l’ordre depuis les émeutes de 2005, qui avaient vu la plupart des banlieues françaises s’embraser après la mort de deux jeunes, électrocutés en tentant d’échapper à la police. S’il est trop tôt pour constater un phénomène d’ampleur, la police a fait état de «mouvements sporadiques» à Asnières, Boulogne-Billancourt, Colombes, Suresnes, mais aussi Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) Montfermeil et Mantes-la-Jolie (Yvelines), où une mairie de quartier est partie en cendres.
Des violences ont aussi été constatées dans des cités de Colmar, Bordeaux et Marseille. Que les violences urbaines se répandent, c’est ce que certains Nanterriens prédisaient, à l’exemple de Nassim, interrogé par Libération dans la nuit du 27 au 28 juin : «Bientôt, il va y avoir ceux de Gennevilliers, ceux de Bougival, ceux d’Asnières, ceux de Clichy, même ceux du 77 et du 78. Ça ne fait que commencer.»
On semble craindre – du côté des forces de l’ordre – ou espérer – parmi les émeutiers – que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets. Les grandes émeutes de 2005 avaient été causées par la mort de deux jeunes gens, électrocutés dans un transformateur alors qu’ils tentaient d’échapper à un contrôle de police à Clichy-sous-Bois. Celles de Nanterre ont également pour cause un décès dans le cadre d’une intervention policière.
Nahel a été tué par balles lors d’un contrôle routier à Nanterre, alors qu’il tentait de fuir en mettant en danger la vie d’un policier, selon les forces de l’ordre. L’auteur du tir mortel en garde à vue Agé de 17 ans, il était au volant d’une Mercedes AMG immatriculée en Pologne quand il a été arrêté par deux policiers. L’un d’eux, accoudé sur le pare-brise du véhicule, tenait en joue le conducteur.
L’agent a fait feu lorsque l’individu a actionné la marche avant pour fuir. Cette version, et notamment la légitimité du tir, est contestée par l’avocat de la famille et de nombreuses personnalités politiques et médiatiques. RT