Le DG de l’OIT pour « une coalition mondiale en faveur de la justice sociale

« Nous devons bâtir une coalition mondiale qui œuvrera en faveur de la justice sociale et du renouvellement du contrat social », soutient Gilbert F. Houngbo, Directeur général de l’OIT dans un rapport publié, ce dimanche, à la veille de la tenue à Genève, de la 111ème Conférence annuelle de l’Organisation internationale du Travail.

« Faire avancer la justice sociale », tel est l’intitulé du rapport du DG de l’OIT et qui sera soumis à cette 111ème Conférence internationale du Travail qui s’ouvrira demain à Genève. a « persistance des injustices, des inégalités et de l’insécurité », font que l’ensemble des acteurs cités doivent « agir sans attendre … pour remédier à ces problèmes grâce au travail décent », souligne M. Houngbo. Pour ce faire, « nous devons bâtir, avec d’autres acteurs clés, notamment au sein du système multilatéral, une coalition mondiale qui œuvrera en faveur de la justice sociale et du renouvellement du contrat social », assure-t-il.

Convaincu « qu’une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale », M. Houngbo évoque des « faiblesses présentes depuis longtemps dans les systèmes et politiques en place » induites par « une accumulation de crises » notamment celle de l’après COVID-19, l’augmentation du coût de la vie, les phénomènes météorologiques extrêmes, l’instabilité géopolitique, la menace d’une crise mondiale de la dette…qui, dira-t-il, tous ont eu des conséquences sur le monde du travail, ont ralenti considérablement les progrès vers plus de justice sociale, voire anéantissent les avancées réalisées jusque-là.

Au demeurant, le DG de l’OIT considère que « ces failles cachent des inégalités structurelles qui, à chaque perturbation, accentuent la marginalisation de millions de personnes ».

De plus, « les périodes d’incertitude suscitées par chaque crise dissuadent les entreprises d’investir, empêchent les économies de créer des emplois en nombre suffisant et plongent de nombreux travailleurs et leur famille dans la précarité, sans que ceux-ci soient assurés de pouvoir subvenir à leurs besoins les plus élémentaires », développe M. Houngbo.

Arguments à l’appui, il citera un sondage mondial effectué entre avril 2021 et janvier 2022 par le «Gallup Global Life Evaluation Index», selon lequel près des trois quarts des personnes interrogées ont dit «avoir des difficultés» ou «souffrir», tandis qu’un peu plus d’un quart à peine ont qualifié leur situation de «prospère». Le sentiment que la société est profondément injuste. Le malaise social qui en résulte est l’une des principales causes de l’instabilité sociale actuelle.

Ainsi, tout au long de trente trois pages, le DG de l’OIT expose sa vision des moyens à mettre en œuvre pour faire avancer la justice sociale et promouvoir le travail décent.

Dans ce contexte, estimant que « la justice sociale n’est pas seulement un impératif moral », il dira que’ « elle permet également aux sociétés et aux économies de fonctionner de manière plus cohérente et plus efficace ». En effet, outre de « contribuer à la paix, à la stabilité et à la solidarité intergénérationnelle », «elle libère le potentiel de production des pays et de la population et ouvre la voie à une réduction durable de la pauvreté et des inégalités, condition préalable à la réalisation d’une croissance inclusive ».

Faire avancer la justice sociale par le travail décent
Selon lui, pour avancer, la justice sociale doit s’articuler autour de quatre dimensions principales : La première concerne les droits de l’homme universels. Elle touche essentiellement la consécration de ces droits universels (l’accès à un niveau de vie suffisant, à l’éducation, aux soins de santé et à la sécurité sociale, la liberté syndicale… ) par les instruments internationaux – y compris les normes internationales du travail – et leur mise en œuvre par la législation, les politiques et les institutions nationales de manière à garantir, notamment, l’accès effectif aux services publics et la réalisation de droits habilitants, tels que la liberté syndicale ».

La deuxième dimension a trait à « l’égalité d’accès aux possibilités en matière d’emploi et d’activités productives, qui permet aux personnes de poursuivre leur progrès matériel dans des conditions de sécurité économique. Elle est centrée sur les possibilités réelles de participer à l’activité économique et d’être récompensé pour ses efforts, notamment la possibilité d’accomplir un travail utile et de contribuer à la société ».
Pour ce qui est de troisième dimension, elle relève de « l’équité dans la répartition des résultats afin notamment de garantir à tous une juste part des bénéfices de la croissance économique ». « Une attention particulière devant être accordée aux personnes les plus défavorisées ou les plus vulnérables de la société », souligne-t-il.
Et d’ajouter ce point, qu’ « il va de soi que la justice sociale n’est pas uniquement une affaire de partage approprié des bénéfices découlant des gains de productivité ». « Elle suppose aussi de dûment reconnaître et valoriser le travail » et « repose sur les principes de « juste égalité des chances» et d’égalité de traitement, et renvoie essentiellement aux politiques et aux mesures garantissant l’accès à des possibilités d’emploi productif et librement choisi ». Et de noter que « cette dimension concerne essentiellement les institutions qui luttent contre les inégalités et œuvrent en faveur de l’inclusion et de la prospérité partagée, et englobe à la fois les politiques de pré distribution et les politiques de redistribution.

Enfin, quant à la quatrième et dernière dimension, elle concerne « les transitions justes ». Sur quoi, M. Houngbo indiquera qu’ « elle traite de la manière dont les changements profonds, tels que les transformations associées à la mondialisation, les transformations d’ordre technologique, démographique, environnemental et autre, et les crises multiples, se répercutent sur le bien-être des personnes au fil du temps ». Selon lui, faisant référence à la Déclaration du centenaire de l’OIT pour l’avenir du travail adoptée en 2019, cette dimension « met en évidence les capacités nécessaires à la construction de sociétés et d’économies résilientes ». « Cette dimension porte principalement sur les politiques et les mesures de nature à maximiser les possibilités et à atténuer les risques pour donner aux individus les moyens de faire face aux transitions induites par ces transformations et par l’accumulation des crises », explique le DG de l’OIT qui « encourage » vivement les délégués des travailleurs, des employeurs et des gouvernements des 187 États membres de l’OIT à examiner et à en débattre lors de cette 111ème Conférence internationale du Travail qui se tiendra du 5 au 16 juin 2023.
Lynda Naili

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