Intervenant, lundi, lors d’une rencontre organisée en marge du Salon international de la synergie industrielle qui se tient à Oran depuis le 13 mai en cours jusqu’aujourd’hui, autour des leviers de financement des PME, Chabane ASSAD, fondateur de FINABI (cabinet d’Analyses, de gestions et Conseils d’informations financières et économiques) propose une série de recommandations pour venir à bout du tableau peu reluisant de la PME (Petite et Moyenne Entreprise) en Algérie.
Et pour cause, évoquant des estimations réalisées par son cabinet, « la contribution des PME algériennes dans le PIB hors hydrocarbures est de 35% alors que le financement de ces dernières par le secteur bancaire est timoré voire marginal ».
Sur les raisons de cette situation, il dira que « les entreprises algériennes souffrent de la difficulté de l’accès au financement ainsi que de la difficulté de mobiliser leurs créances ». En effet, selon lui, « le crédit (octroyé) aux entreprises privées, essentiellement aux PME ne représente que 25% du PIB en Algérie, alors qu’il est de 68% en Tunisie et 85% au Maroc ». Ce qui pour FINABI constitue un « décalage démontrant le formidable potentiel de développement que constitue ce gap de financement pour les PME algériennes ». « Les PME algériennes souffrent également de délais de règlement trop long (proches de 90 jours), sans compter les éventuels retards », ajoutera le conférencier.
Soulignant que 43,79% sur les 1.320.664 PME/TPE (Très Petites Entreprises) recensées sont des personnes physiques contre 56,19% de personnes morales, il reprendra les chiffres de la Banque Mondiale (BM) selon lesquels l’Algérie se situe à la 181ème place mondiale en matière d’accès au crédit pour le secteur privé. Ce qui une fois de plus indique que « l’accès au financement demeure une contrainte majeure de l’Algérie », freinant ainsi fortement le développement de ces entreprises, déplore M. Assad.
Quant au marché des capitaux, il « demeure embryonnaire. La capitalisation boursière représente moins de 2% du PIB », estime le président de FINABI, dans la mesure où « son développement a été pénalisé par la politique de bonification de taux d’intérêt bancaire ». Pour ce qui du marché obligataire, il jugera qu’il est, pour sa part « anémique ».
Dans ce contexte, il sera expliqué à l’assistance que « l’accès au financement bancaire des PME reste tributaire des garanties réelles qu’elles peuvent présenter ». C’est pourquoi, et « compte tenu des caractéristiques des PME liées à leur taille, à l’asymétrie d’information, à leur sous capitalisation, à l’insuffisance voire même l’absence de garanties réelles présentées, Le financement bancaire des PME est insuffisant », relève M.Assad qui appelle à « l’indispensable intervention de l’Etat pour pallier à ces problèmes de financement via les mécanismes de garanties financières » dont le Fonds de Garantie des Crédits aux paiements (FGAR), de la Caisse de Garantie des Crédits d’Investissement (CGCI-Pme spa), ou encore « PME By CPA », produit lancé par le Crédit Populaire d’Algérie et Algerian Startup Fund (ASF), le Fond algérien d’investissement destiné au PME…Autant de mécanismes initiés pour la promotion et le développement des PME/TPE mais qui pourtant, chacun à son niveau, porte une disposition qui limite voire la performance et l’objectif assigné.
Quantifiant les besoins de financement des PME en Algérie, il fera part d’une étude de 2016, publiée par la Société Financière Internationale (SFI), qui estime ces besoins à 16 milliards de dollars US. « Les besoins à court terme représentent une partie non négligeable de ce montant estimés selon nos calculs à 25% du total si on se réfère à la répartition actuelle des crédits octroyés à l’économie », fera-t-il remarquer.
Au demeurant face à un tel constat, qui d’ailleurs a fait couler beaucoup d’encre ces vingt dernières années, le cabinet FINABI a émis une demi-dizaine de recommandations à même d’améliorer le financement des PME.
Il s’agit ainsi d’« encourager l’utilisation des garanties financières et limiter l’utilisation des garanties réelles par le secteur bancaire. Les garanties financières proposées par le FGAR et la CGI-PME sont acceptées comme garanties dans le calcul du ratio de solvabilité et la réduction du coût du risque, 80% de décote! », de « simplifier les procédures fiscales et de diminuer le coût d’imposition afin d’inciter les PME à déclarer leurs chiffres réels (réduction de l’asymétrie d’information avec les acteurs financiers) ». Ainsi, « la mesure du risque du crédit par la banque sera objective et le financement sera dirigé vers les projets bancables » et de «développer la compétence financière des managers des PME (formation et conseil) afin d’améliorer la communication entre dirigeants de PME et banques ». Il est question aussi d’«encourager l’entrée dans le capital des PME d’investisseurs professionnels (fonds d’investissement ou société de capital investissement) ».
« Toutefois, souligne FINABI, les méthodes d’évaluation et le montage financier d’entrée dans le capital des PME doivent être améliorées ». Enfin, la création « d’agences de notation financières de PME dont le scoring en plus de la garantie financière » a également été recommandée, ce qui devrait «suffire aux banques de réduire leurs risques crédits et diriger les financements vers les PME à forte valeur ajoutée », assure M. Assad.