Depuis les années 1980, l’océan n’avait jamais été aussi chaud. Les scientifiques mettent en garde contre la multiplication des vagues de chaleur marine, qui augmenterait le risque de phénomènes météorologiques extrêmes.
Avec 21,1 °C en ce début du mois d’avril, la température à la surface des océans a atteint un niveau record depuis le début des enregistrements par satellite, en 1981. Les derniers relevés de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, ou NOAA en anglais, démontrent que le précédent record de 21 °C, établi en 2016, a été battu cette semaine. « La trajectoire actuelle prend la direction des sommets », a averti le professeur Matthew England, climatologue à l’université de Nouvelle-Galles du Sud, auprès du Guardian.
En réaction à ce rapport inquiétant, Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, a expliqué sur Twitter : « Le CO₂ s’accumule dans l’atmosphère et l’océan, stocke année après année la chaleur induite par l’effet de serre additionnel dû à l’influence humaine. Record de température en ce début d’avril alors qu’El Niño n’a même pas commencé. 2023 s’annonce extrême. » Attendu plus tard dans l’année, le phénomène El Niño est susceptible d’accroître le risque de conditions météorologiques extrêmes et de remettre en question les records de chaleur mondiaux. Les vagues de chaleur marine d’ores et déjà constatées n’adouciront pas la situation climatique, bien au contraire.
Les conséquences sur la nature et sur l’homme
Effectuées dans la couche supérieure de l’océan, ou zone épipélagique, ces mesures montrent l’accumulation rapide de chaleur depuis les premiers enregistrements effectués dans les années 1980. Si les vagues de chaleur marine peuvent être dues aux conditions météorologiques locales, des études ont montré que leur fréquence et leur intensité ont augmenté avec le réchauffement des océans.
Des océans plus chauds mettent en péril la faune aquatique, fournissent plus d’énergie pour les tempêtes ou encore fragilisent les calottes glaciaires qui, en fondant, font monter le niveau de la mer à l’échelle mondiale. Des expériences menées par des climatologues ont également suggéré que ces températures radoucies pourraient modifier radicalement la chaîne alimentaire, en favorisant la croissance des algues tout en détruisant les espèces consommées par l’homme. JDD