Déclin des ventes, lourde taxation locale, critiques du gouvernement… Face à ces difficultés, le géant du tabac réduit sa présence sur l’un des plus gros marchés de la cigarette en Afrique.
Employant près de 400 personnes, entre marketeurs et commerciaux, le bureau de liaison de Philip Morris International (PMI) installé depuis 2005 à Koléa, à l’ouest d’Alger, pourrait bientôt quitter l’Algérie, rapporte Africaintelligence dans sa dernière livraison.
La multinationale de fabrication de tabacs, ajoute la même source, était jusqu’ici chargée de la promotion et de la vente de différentes marques de cigarette lui appartenant. Celles-ci sont fabriquées par la Société des tabacs algéro-émiratie (STAEM) dans le cadre d’un partenariat. C’est la STAEM qui détient depuis dix ans les licences pour produire les deux marques phares du groupe, Marlboro et L&M. Ces dernières arrivent en tête des cigarettes les plus vendues en Algérie.
A la fermeture du bureau algérien de PMI, c’est la STAEM qui devrait assurer la promotion et la commercialisation des produits Philip Morris. Elle ne pourrait cependant conserver qu’une partie seulement du personnel installé à Koléa.
Baisse continue des bénéfices
A l’origine de cette crise, la baisse continue des bénéfices du groupe PMI à l’international, malgré l’augmentation de son chiffre d’affaires. Sur le marché algérien, le déclin des ventes s’explique par une taxation élevée et la chute du pouvoir d’achat. Un paquet de L&M coûte, en moyenne, 280 dinars (environ 2 euros), ce qui est presque le double du prix des cigarettes locales. Cette situation, qui n’est pas propre à l’Algérie, a obligé PMI à réduire drastiquement ses investissements hors Europe, précise AI.
PMI détient, depuis 2013, 49 % de la société émiratie Arab Investors-TA (AITA), elle-même associée à Madar Holding (ex-SNTA, Société nationale des tabacs et allumettes) pour former la STAEM. Ce rachat avait permis à PMI de contrôler 25 % de la STAEM. En 2020, à l’occasion de la restructuration de la SNTA, absorbée par Madar Holding, le gouvernement avait dressé un bilan négatif de l’association avec le partenaire émirati. Il lui avait reproché d’avoir failli à son objectif principal, qui était d’arriver à exporter du tabac, aussi bien vers l’Afrique que vers l’Europe.
Pour rappel, la Société Algéro-Emiratie de fabrication de tabac, STAEM est une Joint-venture créée en 2002 entre la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), d’une part, et un consortium émirati d’investisseurs arabes, d’autre part, la STAEM, a été agréée par le ministère des Finances en tant que fabricant de tabac. Cette société, dont le capital est détenu majoritairement par les investisseurs arabes, est officiellement « autorisée à importer et à distribuer, durant une phase intermédiaire (deux ans), des cigarettes de marques destinées à être fabriquées localement.
Suite à un contrat conclu avec la filiale du groupe Philip Morris International, la STAEM a été, dès 2005, l’importateur à partir de la suisse et le distributeur exclusifs des marques Marlboro et L&M sur le marché algérien.
H.G