Le pays reproche entre autres à la radio d’avoir relayé un « message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste »
Censure ou avertissement ? Le Burkina Faso a ordonné ce samedi « la suspension immédiate et jusqu’à nouvel ordre » de Radio France Internationale (RFI), lui reprochant notamment d’avoir relayé un « message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste », a annoncé le porte-parole du gouvernement burkinabé.
En ayant relayé ce message, RFI « contribue ainsi à une manœuvre désespérée des groupes terroristes en vue de dissuader les milliers de Burkinabés mobilisés pour la défense de la Patrie », indique un communiqué signé du porte-parole, Jean Emmanuel Ouedraogo.
« Une information mensongère »
Le gouvernement reproche également à RFI, radio publique française, d’avoir repris dans sa revue de presse de vendredi « une information mensongère, indiquant que : ‘Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, assure qu’une tentative de coup d’Etat a visé son pouvoir’.
Le communiqué rappelle que « le 3 novembre dernier, le gouvernement avait déjà exprimé son indignation face à l’attitude tendancieuse des journalistes de ce média (RFI) et leur propension à jeter un discrédit sur la lutte dans laquelle le peuple burkinabé est engagé pour plus de liberté et de dignité ».
« Au regard de tout ce qui précède, le gouvernement a décidé de la suspension immédiate jusqu’à nouvel ordre, de la diffusion des programmes de Radio France Internationale sur toute l’étendue du territoire national », ajoute-t-il. Un journaliste de l’AFP à Ouagadougou a constaté en fin d’après-midi qu’on ne pouvait effectivement plus écouter cette radio.
Des « accusations infondées »
La direction de RFI « déplore vivement cette décision et s’élève contre les accusations totalement infondées mettant en cause le professionnalisme de ses antennes », a-t-elle indiqué samedi soir dans un communiqué.
« Cette coupure est intervenue sans préavis et sans que ne soient mises en œuvre les procédures prévues par la convention de diffusion de RFI établie par le Conseil supérieur de la communication du Burkina Faso », affirme-t-elle.
Elle ajoute que le groupe France médias monde auquel RFI appartient, « explorera toutes les voies pour parvenir au rétablissement de la diffusion de RFI, et rappelle son attachement sans faille à la liberté d’informer comme au travail professionnel de ses journalistes ». Selon la direction de RFI, la radio est suivie chaque semaine au Burkina Faso « par plus de 40 % de la population et plus de 70 % des leaders d’opinion ».
Deuxième pays à interdire RFI
Le gouvernement tient néanmoins « à réaffirmer à l’opinion nationale et internationale son attachement à la liberté de presse et d’opinion » et « au droit du public à l’information », mais « invite cependant au respect des règles et principes édictés en la matière dans notre pays ».
Le Burkina est le deuxième pays de la région à interdire RFI cette année après le Mali, en mars 2022.
Source: AFP