Discours de S.E. M. RAMTANE LAMAMRA
Ministre des Affaires Étrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger
Débat Général de la 76eme Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies
New York, 26 septembre 2021
Monsieur le Président de l’Assemblée générale,
Monsieur le Secrétaire général,
Excellences,
Mesdames et messieurs,
Il me plait, de prime abord, de présenter mes sincères félicitations à S.E.M. Csaba Kőrösi pour son élection à la Présidence de la 77ème Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, en lui souhaitant plein succès dans ses hautes fonctions. Je tiens également à rendre hommage à M. Abdulla Shahid, pour son excellente gestion des travaux de la précédente session.
Je voudrais également réitérer au Secrétaire Général des Nations Unies, S.E.M Antonio Guterres, notre soutien à son engagement en faveur du renforcement du rôle de l’organisation des Nations Unies, conformément aux trois piliers énoncés dans le Charte, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’Homme.
Monsieur le Président,
Notre session se tient dans un contexte marquée par une montée des tensions qui laisse présager des répercussions dangereuses sur le système des relations internationales, au vu, notamment, du retour du phénomène de polarisation, comme c’est le cas avec la crise en Ukraine et ses répercussions négatives, susceptibles d’accroitre l’ampleur des défis existentiels auxquels font face les peuples du monde dans divers domaines vitaux.
Cette situation, avec ses complexités et ses implications, dont les contours sont difficilement prévisibles dans les circonstances actuelles, met plus que jamais en évidence les déséquilibres systémiques qui caractérisent les mécanismes de gouvernance mondiale et l’urgence d’y remédier dans le cadre d’une approche qui assure l’égalité et l’équité entre tous les pays et mettre fin à la marginalisation de longue date dont souffrent les pays en développement.
Aussi, les transformations profondes auxquelles nous assistons aujourd’hui, malgré les difficultés supplémentaires qui en résultent, nous offrent-elles en même temps des opportunités renouvelées de corriger cette trajectoire et d’oeuvrer à pérenniser les principes et les objectifs sur lesquels a été fondée notre organisation. Ainsi, nous adhérons pleinement au theme choisi pour la présente session et nous estimons que nous vivons effectivement un moment critique qui appelle à activer l’action multilatérale face aux défis communs, qui prouvent jour après jour que notre sécurité collective est étroitement liée à la stabilité et à la prospérité de tous nos peuples sans exception.
Monsieur le Président,
Mon pays, qui célèbre cette année le soixantième anniversaire du recouvrement de son indépendance nationale et qui poursuit résolument le processus d’édification d’une Algérie nouvelle sous la conduit du Président Abdelmadjid Tebboune, réaffirme son adhésion à ces valeurs et principes et sa détermination dans la poursuite de ses efforts pour réactiver le rôle de l’action multilatérale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et la réalisation d’un développement global, juste et durable.
Dans cet esprit, l’Algérie s’apprête à accueillir le Sommet de la Ligue des États arabes le 1er et 2 novembre prochain et aspire à faire de cet événement une étape déterminante dans l’action arabe commune, afin d’assurer une contribution effective du monde arabe à relever les défis actuels sur les scènes régionale et internationale.
Dans ce contexte, et en préparation de cette importante échéance, l’Algérie poursuit ses efforts visant à renforcer l’unité nationale entre les frères palestiniens à la lumière de l’initiative de réconciliation lancée par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, en soutien aux efforts sincères déployés par de nombreux pays arabes frères à cet égard.
De cette tribune, je réaffirme que la résolution de la question palestinienne demeure la clef de voûte pour le rétablissement de la sécurité et la stabilité dans la région du Moyen-Orient, en consacrant le droit du peuple palestinien frère à établir son État indépendant dans le cadre des frontières du 4 juin 1967, avec Al-Quds comme capitale, ainsi que la fin de l’occupation de toutes les terres arabes, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies et à l’Initiative arabe de paix.
À cet égard, l’Algérie exprime son soutien à la demande présentée par l’État de Palestine pour devenir membre à part entière de l’ONU, et nous attendons de la recevoir bientôt en tant que 194e État membre.
Avec la même détermination, l’Algérie réitère son soutien au droit du peuple sahraoui frère de mettre fin à l’occupation de ses terres et d’exercer son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination et à l’independance, et appelle les Nations Unies à redoubler les efforts, à travers l’Envoyé personnel du Secrétaire général M. Staffan de Mistura, afin de permettre aux deux parties au conflit, les deux Etats membres de l’Union Africaine, le Royaume du Maroc et la République Arabe Sahraouie Démocratique, à reprendre le processus des négociations directes en vue de parvenir à une solution politique acceptable aux deux parties dans le cadre de la légalité internationale.
Monsieur le Président,
Partant de ses positions de principe et de son attachement aux principes de non-alignement, et de par son histoire et ses riches expériences en matière de médiation internationale, l’Algérie insiste sur la nécessité de sortir de la logique de gestion de crise par la communauté internationale pour se concentrer davantage sur la recherche de solutions.
Qu’il s’agisse de menaces transfrontalières ou de conflits locaux, l’Algérie estime que la rupture du cercle vicieux de ces crises ne se fera de manière durable qu’en s’attaquant à leurs causes profondes.
Dans ce contexte, et en tant que chef de file de la médiation internationale et président du Comité de suivi de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation nationale au Mali issu du processus d’Alger, mon pays appelle la communauté internationale à soutenir les parties maliennes dans le but d’accélérer le rythme de concrétisation de leurs engagements en vertu de l’accord, notamment à la lumière de la délicate phase de transition que traverse ce pays frère.
En Libye voisine, nous soulignons une fois de plus qu’il est inévitable de s’attaquer en priorité au cœur de la crise en mettant fin à l’ingérence étrangère sous ses diverses formes dans les affaires de ce pays frère et en accompagnant les parties libyennes vers la formulation du consensus nécessaire pour avancer vers la réalisation des objectifs de la réconciliation nationale et l’organisation d’élections libres et régulières, qui répondent aux aspirations du peuple libyen à construire un État démocratique et moderne.
Au niveau régional, la région du Sahel et du Sahara continue de faire face à des situations de fragilité résultant des défis posés par la propagation des menaces terroristes et des crimes transfrontaliers, dans un contexte d’expansion du phénomène d’instabilité institutionnelle et d’aggravation des problèmes de développement en plus des effets adverses du changement climatique.
Face à ces situations de crise, et en vertu de ses responsabilités de coordonateur de l’Union africaine pour la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, ainsi que de ses positions historiques fondées sur le bon voisinage et la solidarité, l’Algérie entend intensifier ses efforts en coordination avec les pays concernés afin de donner une nouvelle dynamique aux mécanismes d’action conjointe dans le voisinage régional pour assurer des réponses communes et efficaces qui soient à la hauteur des défis posés par la menace terroriste aux peuples de la région.
L’Algérie oeuvre également avec ses frères dans les pays voisins à encourager les facteurs d’intégration économique et de développement intégré, dans un espace qui permet de réaliser la prospérité commune, d’atteindre les objectifs de développement durable et de renforcer les piliers de la paix et de la sécurité dans la région.
Dans ce contexte, je voudrais souligner que l’Algérie, qui est fière de son appartenance africaine, cherche toujours à être une partie active dans le projet d’intégration et de prospérité du continent et à s’approprier les éléments de son indépendance politique et économique, en se débarrassant des conséquences des interventions extérieures et en s’orientant vers la cristallisation de solutions africaines aux problèmes africains. Par conséquent, nous appelons la communauté internationale à accompagner la dynamique positive que connaît le continent africain, en respectant ses engagements et en soutenant l’Agenda de développement 2063, qui exprime la vision commune des dirigeants africains pour l’avenir du continent, tout en encourageant la mise en place de partenariats équilibrés qui respectent les décisions souveraines prises dans le cadre de l’Organisation de l’Union Africaine.
Nous sommes, également, fermement convaincus que les développements récents ont prouvé de manière sans équivoque que notre continent, berceau de l’humanité, est capable, loin de tous les stéréotypes véhiculés à son sujet, de présenter un nouveau modèle de civilisation humaine qui place l’homme et son environnement au centre de ses préoccupations et montre les voies pour l’établissement de relations amicales entre les États sur la base de la justice et de l’égalité.
Monsieur le Président,
Dans le cadre de tous ces développements et consciente de l’ampleur des défis sans précédent qui se posent au niveau international et régional, l’Algérie a présenté sa candidature au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité pour le mandat 2024-2025. Cette candidature a été entérinée par l’Union africaine, la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique.
L’Algérie, qui compte sur le soutien des États Membres lors des élections prévues au mois de juin prochain, restera fidèle aux principes et objectifs de la Charte des Nations Unies et joindra ses efforts à ceux des autres membres du Conseil afin de donner une plus grande efficacité aux efforts internationaux visant à prévenir et à résoudre les conflits par des moyens pacifiques et à soutenir le rôle des organisations regionals, tout en encourageant une participation importante des femmes et des jeunes au règlement des crises et en assurant la protection nécessaire à tous les groupes vulnérables.
Monsieur le Président,
ll ne fait aucun doute que la communauté internationale se trouve, aujourd’hui, à un moment critique, et elle est ainsi appelée à prendre des décisions audacieuses pour préserver sa sécurité collective et se projeter dans un avenir prometteur pour toute l’humanité.
Dans cette perspective, l’Algérie appelle à éviter les erreurs du passé et les conséquences qui en ont résulté, et à unir nos efforts pour réussir les processus de réforme et aboutir à une gouvernance globale fondée sur l’équité, l’égalité dans la souveraineté, les intérêts mutuels et une coopération constructive.
Nous avons besoin, plus que jamais, d’une action collective et d’etre guidé par le principe d’unité de destin pour éviter les dérapages dangereux qui menacent de nous plonger dans les chapitres les plus sombres de l’histoire humaine contemporaine.
Je vous remercie de votre amiable attention.
L’Espoir Libéré
Source MAE