Le chef d’Al-Qaida, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, a été tué dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 juillet en Afghanistan par une frappe de drone américain, a annoncé lundi 1er août, en direct à la télévision, le président américain Joe Biden.
« Samedi, sur mes ordres, les Etats-Unis ont mené à bien une frappe aérienne sur Kaboul, en Aghanistan, qui a tué l’émir d’Al-Qaida, Ayman al-Zawahiri », a-t-il lancé lors d’une courte allocution depuis la Maison-Blanche.
Zawahiri avait pris la tête de la nébuleuse djihadiste en 2011, après la mort d’Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan. Introuvable depuis plus de dix ans, il était considéré comme un des cerveaux des attentats du 11-Septembre, qui avaient fait près de 3 000 morts aux Etats-Unis.
L’Arabie saoudite s’est pour sa part félicitée « de la mort du chef terroriste d’Al-Qaida » responsable de « la planification et l’exécution d’odieuses opérations terroristes aux Etats-Unis, en Arabie saoudite et dans plusieurs autres pays du monde », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« Aucune victime civile »
L’attaque au drone a été menée à l’aide de deux missiles Hellfire et sans aucune présence militaire américaine au sol, a précisé un responsable américain, preuve selon lui de la capacité des Etats-Unis « d’identifier et de localiser même les terroristes les plus recherchés au monde et de prendre des mesures afin de les éliminer ».
Ayman al-Zawahiri avait été repéré « à de multiples reprises et pour de longues durées sur le balcon où il a finalement été touché » par la frappe dans la capitale afghane, a-t-il ajouté. Au cours du week-end, le ministre afghan de l’Intérieur avait démenti les informations faisant état d’une frappe de drone à Kaboul, indiquant à l’AFP qu’une roquette avait touché « une maison vide » de la capitale.
Dans un communiqué publié lundi sur Twitter avant l’intervention de Joe Biden, le porte-parole des talibans avait toutefois reconnu l’existence d’une « attaque aérienne », attribuée à un « drone américain ». Le président américain, qui était malade du Covid-19 et s’était soumis à un strict régime d’isolation lorsqu’il a ordonné la frappe le 25 juillet, a précisé lors de son allocution que l’opération n’avait fait « aucune victime civile ».
« Pas aussi insignifiant »
La présence d’Ayman al-Zawahiri à Kaboul constitue par ailleurs une « violation claire » des accords conclus à Doha en 2020 avec les talibans, qui s’étaient engagés à ne pas accueillir Al-Qaida sur leur sol, a noté le haut responsable américain.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a ajouté lundi soir qu’en « hébergeant et en abritant » Zawahiri, les talibans ont « grossièrement violé l’accord de Doha » qui prévoyait le départ des troupes américaines d’Afghanistan. Dans leur communiqué, les islamistes afghans ont également accusé les Etats-Unis d’avoir dérogé à ces accords, en conduisant une frappe sur leur territoire.
Héritant en 2011 d’une organisation affaiblie, Ayman al-Zawahiri, 71 ans, avait dû pour survivre multiplier les « franchises » et les allégeances de circonstances, de la péninsule arabique au Maghreb, de la Somalie à l’Afghanistan, en Syrie et en Irak. Colin Clarke, chercheur au cercle de réflexion américain Soufan Group, observe :
« Malgré la direction de Zawahiri […], le groupe fait toujours face à d’importants défis. D’abord, la question de savoir qui va diriger Al-Qaïda après la disparition de Zawahiri. »
« Al-Qaida a dû se disperser mais tue encore beaucoup »
Al-Qaida avait déjà perdu son numéro 2, Abdullah Ahmed Abdullah, tué en août 2020 dans les rues de Téhéran par des agents israéliens lors d’une mission secrète commanditée par Washington, information révélée quelques mois plus tard par le « New York Times ».
L’annonce de lundi intervient près d’un an après le chaotique retrait d’Afghanistan des forces américaines, qui avait permis aux talibans de reprendre le contrôle du pays vingt ans après avoir été chassés du pouvoir.
OBS/AFP