UBER FILES. L’enquête et les documents des Uber Files, publiés par le Consortium international des journalistes d’investigations le 10 juillet 2022, indiquent qu’Emmanuel Macron a joué un rôle dans l’implantation de la société de VTC Uber en France. Les dernières infos sur le lobbying d’Uber.
Les Uber Files, une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation publiée le 10 juillet 2022, font la lumière sur les pratiques et les stratégies de lobbying utilisé par la société américaine Uber pour s’implanter en France entre 2013 et 2017.
Selon les Uber Files, Emmanuel Macron serait impliqué dans l’implantation d’Uber en France et aurait usé, entre 2014 et 2016, de son rôle de ministre de l’Economie pour coopérer avec les lobbyistes de la société californienne.
Les réactions aux révélations des Uber Files sont nombreuses, l’Elysée défend Emmanuel Macron tandis que l’opposition critique un chef de l’Etat et un ancien ministre à la volonté de servir les intérêts privés.
Les Uber Files révèlent que le lobbying opéré par Uber entre 2013 et 2017 impliquait des centaines de personnalités politiques et médiatiques.
Les Uber files lèvent également le voile sur des pratiques à la limite de la légalité auxquelles la société Uber auraient eu recours, notamment l’usage de « kill switch » – un blocage d’urgence aux données internes de l’entreprise – pour éviter des perquisitions de police.
Uber a tenté d’empêcher les enquêteurs d’accéder à certaines données
Ce sont de nouvelles révélations que publie Le Monde ce lundi 11 juillet en fin d’après-midi. Un nouveau volet de la longue enquête sur les « Uber Files » met cette fois en avant la manière dont l’entreprise américaine a « tenté d’entraver les enquêtes et les perquisitions dans ses locaux » titre le quotidien, à l’aide d’une technique informatique : le Kill Switch. Concrètement, il s’agit d’un bouton d’arrêt d’urgence instantanée des ordinateurs de l’entreprise, empêchant ainsi les enquêteurs d’accéder aux données. Selon les investigations menées, cela a été utilisé au moins cinq fois en France, lors de perquisitions. « Nous ne contestons pas le fait que ce type de logiciel ait pu être utilisé en France », commente Uber. Une pratique à la limite de la légalité.
Des coupures d’ordinateurs venues du haut de la hiérarchie
Selon les éléments publiés par Le Monde, les ordres d’actionner le système du « kill switch » ont été lancés par la direction d’Uber. Le directeur juridique d’Uber en Europe, Zac de Kievit, l’a ordonné lors d’une perquisition le 17 novembre 2014, tout comme Mark MacGann, principal lobbyiste de la société, le 6 juillet 2015. Quelques mois plus tôt, le 2 avril, c’est Travis Kalanick en personne, le PDG d’Uber, qui avait donné l’ordre.
Les Uber Files, révélateurs de « connivences » entre Macron et le privé déjà dénoncées
Les révélations faites par l’affaire des Uber Files sur le lien qu’entretenait Emmanuel Macron avec la société Uber ne semblent pas surprendre l’ancien ministre de Budget qui siégeait à Bercy en même temps que le chef de l’Etat, Christian Eckert. « Cette connivence avec le milieu numérique, c’était un de nos conflits au ministère. Il fallait mettre de l’ordre dans le système de ces plateformes, ce qu’Emmanuel Macron et ses équipes ont toujours retardé », explique l’ancien ministre dans une note rapportée par France 3 Grand-Est. L’homme auteur du livre « Un ministre ne devrait pas dire ça », explique que les révélations étaient déjà inscrites en substance dans son œuvre et critique à l’occasion les méthodes de l’ancien ministre de l’Economie : « Il fallait évidemment nouer des contacts au ministère avec les milieux d’affaire mais avec Macron, il s’agissait de contacts réguliers et amicaux. […]On est collectivement responsable car on a laissé s’installer des pratiques borderlines. Depuis les choses ont évolué petitement ».
Après les Uber Files, Macron décrit comme un lobbyiste
Les politiques continuent de réagir aux informations révélées par les Uber Files. C’est au tour de l’ancien secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, Thomas Thévenoud, d’ajouter son grain de sel. Le politique était fermement opposé à l’arrivée d’Uber en France et est à l’origine de la loi de 2014 qui fixe les règles de la cohabitation entre les taxis et les VTC. Sur les ondes de Franceinfo ce 11 juillet, l’ancien député socialiste a jugé qu’Emmanuel Macron « a été une sorte de VRP ou de lobbyiste pour une entreprise américaine qui avait décidé de faire de la conquête du marché français sa priorité. »
Les Uber Files révèlent 17 échanges entre Emmanuel Macron et Uber
Le lien entre Emmanuel Macron et Uber prend une place importante dans l’affaire des Uber Files mais sur les 120 000 documents confidentiels qui ont pu être consultés par les journalistes d’investigation, seuls 17 messages entre l’ancien ministre de l’Economie et les représentants de l’entreprise apparaissent. D’autres échanges de messages et de mails ont été notés avec les collaborateurs de Bercy mais reprennent simplement le discours d’Emmanuel Macron qui la plupart du temps se résume à des promesses pour se renseigner sur un sujet – l’arrêté préfectoral à Marselle ou les perquisitions de la DGCCRF -, jamais une intervention d’Emmanuel Macron ou de ses services n’est mentionnée ou garantie à Uber. La seule implication prouvée d’Emmanuel Macron dans l’implantation d’Uber en France concerne les amendements rédigés par la société et repris par le ministre dans un décret de 2016. Il s’agit du texte qui prévoit l’assouplissement drastique des conditions pour accéder à la profession de chauffeur VTC.