Chefs de la diplomatie, généraux de l’armée, ambassadeurs… Le Maroc a visé pas moins de 6000 numéros de téléphone attribués à des Algériens ou des ressortissants étrangers en Algérie pour être surveillés par le biais de la technologie Pegasus

D’après les données consultées par le collectif Forbidden Stories et Amnesty International et partagées avec Le Monde, le Maroc a sélectionné pas moins de 6 000 numéros de téléphone en Algérie comme cibles potentielles du logiciel espion Pegasus, acquis auprès de la firme israélienne NSO Group. Ces numéros appartiennent à « des responsables politiques, des militaires, des chefs des services de renseignement, des hauts fonctionnaires, des diplomates étrangers en poste ou des militants politiques », affirme le quotidien parisien.

Des diplomates de haut rang…

Mais, d’après la même source, le Maroc ne s’est pas limité au territoire algérien. « Les numéros présumés de citoyens algériens, diplomates pour la plupart, ont été visés au moins en Afrique du Sud, en Angola, en Belgique, au Burkina Faso, au Canada, en Côte d’Ivoire, aux Emirats arabes unis, en Egypte, en Espagne, en Ethiopie, en Finlande, en Indonésie, en Iran, au Kenya, en Mauritanie, au Maroc, en Namibie, au Niger, au Nigeria, en Ouganda, en République tchèque, au Rwanda, au Sénégal, en Suède, en Suisse, en Syrie, en Tunisie, en Turquie et au Zimbabwe », dénombre-t-on.

Abdelkader Mesdoua, l’ambassadeur algérien à Paris a « sans surprise » été ciblé. Le colonel Karim Hadj Sadok, attaché militaire de la représentation diplomatique, également. A Alger, l’ambassadeur français entre 2017 et 2020, Xavier Driencourt, et son attaché militaire ont également été dans la ligne de mire de Rabat. De même pour l’ambassadeur de l’Union européenne à Alger, John O’Rourke.

…et des ministres

Trois ministres des Affaires étrangères algériens ont également été visés : Ramtane Lamamra (de retour au poste il y a de cela 12 jours, il l’a occupé entre 2013 et 2017, puis de mars à avril 2019) dont « deux numéros actifs ont été attaqués », ainsi que son l’ex-patron de la diplomatie algérienne Abdelkader Messahel. Celui-ci avait causé une crise diplomatique entre les deux voisins, en déclarant en octobre 2017 que « le Maroc recycle en réalité l’argent du haschich via ses banques dans le continent », ajoutant que les compagnies marocaines opérant vers les pays africains « ne transportent pas uniquement des voyageurs ».

Le Monde cite également les noms de Sabri Boukadoum, chef de la diplomatie algérienne d’avril 2019 jusqu’à son remplacement par Lamamra. « Noureddine Ayadi, qui a occupé successivement les postes sensibles de secrétaire général du ministère des affaires étrangères puis de directeur de cabinet de la présidence de la République, est lui aussi placé dans la liste des cibles potentielles », renchérit le quotidien.

L’entourage d’Abdelaziz Bouteflika et le gotha militaire ciblés

Aux noms précédemment cités s’ajoutent ceux des frères et sœur de l’ancien président algérien, Saïd, Nacer et Zhor Bouteflika, mais aussi les chefs des services de renseignement de l’époque : les généraux Ali Bendaoud, Wassini Bouazza et Bachir Tartag. « Un numéro attribué à Saïd Chengriha, l’actuel chef d’état-major de l’armée, a également été visé », révèle Le Monde, qui ajoute que l’un des fils de l’ancien n°1 de l’armée, Mourad Gaïd Salah, « a lui aussi suscité l’attention de l’opérateur de Pegasus ». De même pour Lotfi Nezzar, fils Khaled Nezzar, patron de l’armée algérien au début des années 1990.

Le Monde explique que l’adjudant-chef Guermit Bounouira, ex-aide de camp d’Ahmed Gaïd Salah, a également été surveillé. En cavale à la mort de son chef, il fuit en Turquie en mars 2020, avait d’être remis aux autorités algériennes, l’été suivant. Il est depuis poursuivi et détenu pour « haute trahison ».

Le Desk

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