Les artisans en quête d’un regard patrimonial de la part de la tutelle à Oran
Taillandiers, bijoutiers, brodeuses, couturières, ébénistes… Autant d’activités, qui autrefois, étaient florissantes. Aujourd’hui, faute de moyens, certaines professions sont vouées à la disparition.
En effet, le nombre d’artisans ayant introduit des demandes de radiation pour des raisons économiques et commerciales est hallucinant. Pas moins de 4689 artisans ont optés pour la radiation, sur les 14 775 artisans que compte la chambre des arts et métiers d’Oran, laissant place à des gens dont le mercantilisme est la seule devise. Des radiations qui constituent une «perte» économique pour la wilaya, tandis que d’autres, s’accrochent et font tout pour que leur savoir-faire ne s’éteigne pas. Hormis la concurrence déloyale, le manque de soutien financier, ils se disent déçus par tant d’années de contribution sans pour autant récolter des fruits ou du moins enregistrer un accroissement de leurs commandes. «Il devient de plus en plus difficile pour nous de vivre de notre activité», nous ont affirmé des stylistes modélistes, créatrices de robes traditionnelles rencontrées, qui en disent long sur ce que vivent leurs pairs depuis quelques années. «Les clients sont de plus en plus rares. Les bénéfices tirés de notre production s’amoindrissent de jour en jour. Je suis obligée parfois de vendre sans bénéfices, juste de quoi compenser l’argent investi dans la commande. Il m’est aussi souvent arrivé de vendre à perte. Et je suis convaincue que c’est le même topo chez d’autres productrices de modèles traditionnelles», a expliqué une femme artisan. «Je suis décidée à rendre mon tablier», a-t-elle affirmé sur un ton de regret. Du côté des artisans bijoutiers, c’est loin d’être le satisfecit. Et là encore, des faiseurs de bijoux, qu’ils soient en or ou en argent, rencontrés à leurs stands ont affirmé que le chiffre d’affaires est en continuelle chute. Beaucoup sont en attente d’un lieu pour travailler, mais en vains, alors que de nombreux locaux sont fermés, sans que les artisans professionnels n’en profitent et ce, à la faveur de leur statut. Il est à rappeler que les artisans de différents corps de métiers exerçant à travers la wilaya d’Oran et affiliés à cette Chambre ont soumis plusieurs doléances à l’adresse des autorités locales. Les artisans ont réclamé notamment des locaux pour commercialiser leurs produits, des terrains dans les différentes zones d’activités et un accès aux marchés publics. Ils estiment qu’ils peuvent largement contribuer au développement économique de la wilaya. Ils avaient, notamment, demandé aux pouvoirs publics de «mettre à leur disposition des espaces d’exposition et de commercialisation et autres ateliers au niveau du boulevard des Artisans, prévus à haï El Yasmine, en prévision des prochains Jeux méditerranéens». Le comble de cette tragédie est que le secteur est de plus investi par des personnes qui n’ont aucun rapport avec ce secteur d’activité, qui sont à la recherche de la carte d’artisan qui ouvre droit à certains avantages accordés par les chambres d’artisanat. La seule initiative louable, fut l’attribution en 2019, par la direction du tourisme, d’un quota de 27 locaux commerciaux au niveau de la maison de l’artisanat de haï Es-Sabah. Cette opération, qui s’inscrit le cadre de la relance des activités artisanales à travers la wilaya d’Oran, concerne une quinzaine d’activités artisanales, comme par exemple la céramique, la menuiserie d’art, la transformation du cuivre, la broderie et l’habit traditionnel.
Hadj Hamdouche